Tous les élèves doivent passer d’année, voici pourquoi!

De nombreuses semaines ont vu se déscolariser des centaines de milliers d’élèves, des dizaines de milliers de professeurs.

Des pans des programmes scolaires n’ont pas été enseignés ni appris, et ne le seront pas, sinon d’une autre façon.

Ces nombreuses semaines ont vu les références temporelles et spatiales changer pour quasi tous les usagers de l’école.

Des centaines de milliers d’apprenants n’ont plus eu aucun contact, ou si peu, avec leurs enseignants, et autant en ont eu.

Les apprenants victimes de « dys » n’ont pu bénéficier de l’encadrement thérapeutique, des remédiations comme d’habitude, au risque de perdre du progrès accompli. (Voir : https://centredereussitescolaire.be/2020/02/04/ce-qui-est-utile-et-heureux-de-savoir-au-sujet-de-leleve-dit-dys/ )

Certains ont goûté aux apprentissages via Internet et ont fort progressé, jusqu’à réaliser que ce média les faisait apprendre plus heureusement, à leur rythme, et avec une autoévaluation adaptée.

Beaucoup d’autres n’auront pu bénéficier de ce soutien, souvent favorisé dans les familles très attentives sur le plan scolaire.

Jamais tant de différences n’ont existé entre les élèves d’une même classe, entre les classes d’une même école, entre les classes d’une même année dans la même option, entre les écoles, entre les milieux socioculturels et économiques, bref entre les usagers de l’école. Ces différences doivent être reconnues positivement, et pas aux dépens des plus faibles.

Les élèves devront retrouver un rythme de travail mis de côté trop longtemps, on ne peut attendre d’eux qu’ils redémarrent sur les chapeaux de roues !

Il faudra tenir compte de l’histoire de vie que chacun aura connue pendant le confinement. Certains auront été endeuillés, d’autres, choqués par une situation socioéconomique touchant leur famille de plein fouet, etc.

Les pouvoirs publics sont fort endettés et le resteront, or un doubleur est ruineux à court, moyen, et long terme, pour l’état, ses parents et lui-même (un écolier engendre chaque année au moins 7000 euros de frais pour les fonds publics, 14 000 pour une même année s’il la recommence ; le doubleur de ce fait peut perdre un an de salaire à long terme ; etc.) sans compter les blessures psychologiques dont le sentiment d’incompétence, et pas que celui du jeune ! Des dizaines et dizaines de millions d’euros convertibles en aides positives et constructives.

Tous, nous devons aller de l’avant ; nous avons les éléments en main pour le faire. Le plus difficile consiste à changer de culture scolaire, à accepter que nous offrons, chacun, des ressources d’apprentissage différentes et à respecter. Évidemment, qu’un ensemble de compétences de base doit être appris, mais à chacun son rythme !

La solidarité sera également d’évaluer le mieux possible les acquis des élèves selon des références uniques, comme peuvent l’être des évaluations externes (IN)FORMATIVES, SANS la menace de doubler.

 (Voir : https://centredereussitescolaire.be/2020/04/12/lannulation-des-evaluations-externes-ceb-ce1d-cess-constitue-une-chance/)

Chaque écolier se verrait attribuer un dossier d’apprentissage lui appartenant. Il contiendrait un programme individualisé en plus de ses caractéristiques d’apprentissage.

Faisons confiance à la jeunesse, à sa capacité d’adaptation, associons-la aux décisions que nous prenons. Ne déterminons pas son avenir scolaire pour elle, mais passons plutôt ce temps que prendrait cette sélection négative, avec le jeune et sa famille, pour avancer ensemble.

Nous ne savons de quoi l’avenir est fait, nous ne savions pas que cette année scolaire serait transformée.

Penser que faire doubler un apprenant l’aidera à mieux apprendre, à mieux s’adapter à la société nous parait de plus en plus révoltant et pour le moins, inconvenant en cette période si pénible et potentiellement décourageante !

Pensons le contraire, tirons-en une force sereine, heureuse, constructive, positive ; une telle force nous est nécessaire pour nous représenter et soutenir l’élève de l’après-confinement.

L’équipe

L’annulation des évaluations externes CEB, CE1D, CESS constitue une chance !


Cette période difficile offre une occasion exceptionnelle d’accélérer la rénovation de notre enseignement surtout secondaire (le plus en échec d’Europe). C’est ce qui peut arriver de mieux à nos élèves et par conséquent à nous tous, parents et usagers de l’école !

On sait depuis longtemps que le redoublement et l’évaluation externe comme le baccalauréat en France , n’apportent rien de bon aux élèves, que du contraire ! Ça, je l’avais déjà appris lors de mes études d’instituteur en 1977 et je le confirme aujourd’hui avec 40 ans de recul comme enseignant, psychologue, pédagogue, thérapeute. Ce sont des habitudes culturelles qui nuisent aux élèves, à tout notre système scolaire belge francophone, sans compter le coût économique conséquent énorme : chaque année amène des dizaines de milliers d’élèves qui n’auraient pas dû recommencer, un taux de décrochage scolaire en continuelle augmentation, sans compter l’absentéisme professoral, les cours sans enseignants, etc.

Il y a plus de 331.000 élèves en primaire et 368.000 en secondaire d’après la Fédération Wallonie-Bruxelles

On élimine des élèves sans qu’ils soient informés sur les causes de leurs échecs et la façon de progresser, et dire qu’il suffit qu’ils travaillent s’avère une erreur fondamentale.

Des centaines de millions d’euros par an dépensés pour panser les plaies, poser des rustines sur des rustines !

L’annulation des épreuves externes due uniquement au confinement constitue un soulagement pour beaucoup, alors pourquoi les maintenir ? Transformons-les en outils de formation, d’information pour le jeune, ses proches, ses enseignants ! Profitons de cette période difficile pour rendre la vie des élèves plus heureuse, pour rendre la pédagogie plus positive et l’évaluation vraiment formative. Tous les étudiants que nous avons aidés par téléconsultation depuis trois semaines nous ont démontré qu’ils progressent très bien, développaient une belle autonomie, apprenaient de quoi ils étaient capables sans cette pression des points. C’est vrai aussi que l’e-learning (cyberapprentissage) est un bel outil, comme l’est aussi le dossier d’apprentissage qui lui n’a pas besoin de matériel informatique coûteux.

Seule l’évaluation qui sert à l’élève à se construire est utile, elle ne peut réellement exister qu’accompagnée d’une pédagogie positive. L’enfant, l’adolescent apprend pour lui, pour grandir, s’enrichir, pas pour avoir des points, pas pour que des adultes l’autorisent à passer. Il va à l’école pour mieux se connaître, s’apprécier, se respecter. Il lui faut une évaluation qui l’aide à se situer dans la maîtrise de la matière, qui lui indique des chemins à suivre qu’il sait accessibles et utiles. C’est l’élève qui doit savoir de quoi il est capable et pas un conseil de classe à sa place. Invitons l’élève et ensemble décidons comment l’aider, entendre ses besoins.

Profitons de ce moment d’incertitude pour donner à l’évaluation la force constructive, formative que les élèves de l’enseignement obligatoire méritent.

En tant que thérapeutes nous aidons les élèves et bien sûr leur famille, mais nous les aidons également à expliquer à leurs professeurs de quelle manière ils peuvent les aider en retour. Les enseignants apprécient une telle relation, comme on dit c’est du win-win. Des millions d’élèves bénéficient de ce « gagnant-gagnant » en Europe, pourquoi pas nos enfants ? Ces pays ne dépensent pas plus d’argent par écolier et leurs enseignants ne sont pas globalement mieux payés.

Voilà, nous tenions vraiment à vous donner ce message, jamais, nous semble-t-il, une telle occasion ne s’est présentée depuis au moins 40 ans. Merci pour votre attention. Et surtout, prenez soin de vous, surtout prenons soin des élèves.

L’équipe

Table des matières des articles professionnels pour les élèves confinés et leurs parents, libre d’accès : https://centredereussitescolaire.be/2020/02/24/plusde30-reponses-professionnelles-developpees-a-partir-des-questions-qui-nous-sont-posees-depuis-30-ans/ .