Avant d’être réorienté ou de doubler, tout élève mérite une évaluation diagnostique des apprentissages pluridisciplinaire

Quelques raisons à cette affirmation :

Depuis quelques années, nous constatons un accroissement important d’étudiants qui recommencent la dernière année du secondaire, parfois même deux fois, alors que la réussite de l’année précédente, la 5ème, ne permettait pas au jeune et à sa famille d’envisager un tel échec. Cette constatation s’étend à la 3ème, 4èmeet 5èmesecondaire. Cette impression est confirmée par ailleurs : les statistiques de l’année scolaire 2011-2012 attestent que la Belgique francophone affiche le taux de redoublement des élèves en secondaire le plus élevé d’Europe (in « Faits et Gestes » trimestriel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 4è trimestre 2013), ce qui était déjà le cas à l’enquête PISA 2009 pour nos élèves de 15 ans.

Recommencer à zéro, voilà bien une réflexion socioculturelle qui dénie l’évolution de l’élève sur le plan du physique, de l’affectif, du cognitif, des acquis dont les acquis scolaires. En obligeant une année supplémentaire sans tenir compte de tous les bénéfices, et acquis de l’année écoulée, le système scolaire conteste l’évolution du jeune et ses propres apports !

Les élèves d’une classe ont appris à se connaître, s’accepter et même s’apprécier. Avant de toucher à l’intégrité d’un apprenant, veillons à bien comprendre et évaluer la situation, les études démontrent qu’un tel échec blesse l’amour propre du doubleur, qu’il favorise aussi une mauvaise image de lui auprès de ses condisciples, et que doubler peut être également un indicateur de décrochage scolaire futur.

Plus de 85% des bisseurs sont victimes de difficultés d’apprentissage sur fond de faiblesses intellectuelles, instrumentales (lecture, mémoire de travail, vitesse de traitement, etc.), qui peuvent en partie au moins expliquer leur dérive. L’utilité de recommencer une année scolaire est aléatoire si les causes de cet échec n’ont pas été mises clairement en évidence.

Dans la grande majorité des casque nous rencontrons en consultation,le doublement n’était pas indiqué, une remédiation adaptée ou / et une réorientation dans une autre option ou section aurait été nettement plus adéquate. Cette conclusion se base sur l’évaluation diagnostique transdisciplinaire des apprentissages (voir plus le 1erarticle ci-dessous) que nous menons depuis plus de 20 ans.

Quelques constatations vieilles de 23 ans reprises d’une publication des Communautés européennes (1994, point C du chapitre Synthèse et perspectives) étaient tout à fait nos propos.

 « – Les effets négatifs du redoublement surpassent largement les bénéfices qu’on peut en attendre.

– Inefficace, le redoublement est souvent aussi le résultat d’une décision subjective de l’enseignant.

– Le redoublement affecte la confiance qu’a l’élève en ses capacités d’apprentissage.

– Le redoublement est le plus souvent préjudiciable au développement de l’enfant, mais la promotion automatique ne résout pas pour autant tous les problèmes. »

Un élève qui doit recommencer son année doit y être préparé, sinon il peut se sentir pris dans un système qu’il verrait comme indépendant de lui, sur lequel il ne peut agir, ce qui risque alors de le cantonner dans une position passive, régressive, voire dépressive.

Comment l’y aider : analyser avec lui les copies de ses examens (il faut les demander rapidement, les écoles doivent alors les fournir, nous ne parlons pas ici des examens externes comme le CE1D, mais ceux de Noël et de juin), anticiper la rentrée sur les plans psychologiques, pédagogiques et systémiques, etc.

 Un doublement peut être bénéfique si l’élève a été bien comprisdans ses difficultés d’apprentissage et que cette solution entre dans son accompagnement global.

Il peut aussi pour des raisons affectives ne pas vouloir grandir, le redoublement favorisant son souhait d’immobilisme. Comprenons-le donc globalement.

L’équipe