
Une évaluation scolaire qu’elle soit sommative, certificative ou formative ne s’avère jamais suffisante pour qui souhaite comprendre en profondeur un élève en difficulté.
Les examens, notamment de juin et de Noël, tels qu’ils sont conçus en Belgique francophone, concentrent de nombreux obstacles qui peuvent pénaliser l’élève à bien des niveaux. Nous habitons une des seules régions d’Europe, de Francophonie, à mettre ses élèves, dès les primaires, dans des conditions d’évaluation battues en brèche par le monde scientifique. Nous parlons ici des examens tels qu’ils sont imposés deux à trois fois par an dans la grande majorité des écoles. Toutefois, un début de remise en question se fait jour, pas toujours dans le sens de permettre au jeune de montrer ses compétences dans de bonnes conditions.
Grâce « au pire », nous avons relevé un ensemble d’éléments, de facteurs indépendants de l’apprenant qui peuvent l’empêcher de profiter pleinement de son travail, de ses efforts, de son intelligence et aussi du bon enseignement dont il a bénéficié. Tous les éléments relevés ci-dessous peuvent constituer des facteurs de mauvais stress, ou d’échecs :
Sur le plan éducatif et pédagogique, il convient donc d’être sensible aux ressentis des élèves et aux situations qui peuvent induire un blocage, un mauvais stress ». Le mauvais stress amène le cerveau à générer du cortisol, une hormone qui inhibe les capacités de mémorisation (Samier, R et Jacques, S, p. 19, Livret gratuit notamment à l’usage des enseignants.
- Une évaluation « sanction »,discriminatoire, qui peut remettre en jeu la réussite de toute une année est paralysante pour plus d’un. Le fait qu’elle soit récurrente n’entraîne pas les élèves à la réussir, au contraire ! À ma connaissance, les étudiants fréquentant les écoles supérieures francophones belges n’ayant pas suivi le cursus des écoles secondaires « classiques » belges y réussissent au moins aussi bien, quel que soit le niveau.
- Dès que l’évaluation sommative devient un rapport agressif entre deux personnes, l’une des deux sinon les deux se sent(ent) incomprise(s). « Tu n’as pas étudié ! Si ! Non ! », « Si tu ne t’améliores pas, tu vas doubler ! Tu es un fainéant », etc.
- Un apprenant qui a réussi à développer une méthode de travail efficace pendant l’année, face à un examen, peut reprendre d’anciennes habitudes et ainsi régresser. La peur de rater, de décevoir, telle une vague incoercible, envahit la pensée.
- Soumettre l’élève dès les primaires à de nombreuses périodes « d’évaluation sanction »,périodes comprenant jusqu’à trois examens par jour pouvant s’étaler sur plusieurs heures est la garantie de produire de nombreux échecs ! Cette façon d’évaluer voit un maximum d’enfants vivre de mauvaises expériences jusqu’à, pour certains, installer un réel sentiment d’insécurité qui risque de les paralyser devant tout enjeu vécu comme important, et ce pour de nombreuses années.
- Les questions ne concernent pas toujours des matières enseignées, de plus les professeurs présentent régulièrement de nouvelles façons de questionner.
- L’absence du professeur lors du contrôle, de l’examen, rend la situation plus difficile, les élèves se sentent seuls, renvoyés à leurs questions souvent justifiées. Ce type d’absence semble de plus en plus fréquent. Cela n’apporte rien au bon enseignement d’un cours, à son bon apprentissage, et encore moins à la complicité positive nécessaire entre élèves et professeurs.
- Le stress négatif. Certains enseignants voyant la fin du trimestre ou de l’année arriver se sentent obligés de donner un surplus de matière en un temps record. L’élève n’a pas le temps de la digérer. Non contents de cela, ils la mettent au programme des examens et la privilégient dans les questions posées. Ce stress négatif touche l’enseignant aussi, malheureusement aux dépens des apprenants et de son propre enseignement.
- L’enjeu, c’est beaucoup de points à perdre ou à gagner.
- L’optimisme, c’est croire que les examens vont rattraper des échecs importants.
- Les élèves de l’enseignement professionnel y sont soumis eux aussi !Dieu sait s’ils ne le méritent pas, ayant le plus souffert des effets néfastes des échecs à répétition.
- Être victime d’un développement cognitif dysharmonique, ou de troubles d’apprentissage, c’est-à-dire des aptitudes et compétences se distribuant en dents de scie et où les creux concernent les ressources les plus nécessaires à l’étude des examens, comme posséder une mémoire verbale ou spatiale faible.
- Produire une lecture lente, peu rentable ou avoir une vitesse de traitement de l’information trop lente ne peut être « déconnecté », juste pour l’occasion. Saviez-vous que les étudiants français, victimes de troubles en lecture peuvent bénéficier d’un temps supplémentaire pour répondre au baccalauréat et que les Belges qui passent leur permis de conduire, victimes de mêmes troubles ont également ce droit-là ?
- Il en est de même pour les victimes d’un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
- Au mauvais moment? Les examens se situent presque toujours à des périodes de l’année où l’élève a accumulé beaucoup de fatigue, notamment en juin ou en fin de trimestre, la veille de longues vacances. Dans la majorité des écoles belges francophones, le temps passé aux révisions (une à deux semaines), la durée des examens (une à deux semaines), sans compter les conseils de classe (plusieurs jours), constituent l’équivalent d’un mois où l’élève ne bénéficie pas d’un enseignement lui laissant le temps d’apprendre les matières sereinement.
Les allergies au pollen ? C’est au mois de juin. Les internationaux de tennis à Roland Garos symbolisent bien le nombre de manifestations distrayantes organisées à cette époque de l’année ! Il est vrai que les écoliers français ne « bénéficient » pas de telles situations d’évaluation.
L’équipe
3 thoughts on “On ne demande pas à un élève, encore et encore, ce qu’il ne peut pas donner !”