La dictée, non, sauf pour améliorer son orthographe

Utilisée dans un contexte d’évaluation sommative, la dictée ne constitue qu’une habitude supplémentaire qui valorise les forts et culpabilise les autres, sans doute est-elle une séquelle de l’enseignement frontal. Mais pensée pour réellement aider à apprendre l’orthographe, elle peut s’avérer un moyen constructif pour tous. Bien employée, la dictée sait servir d’outil d’évaluation de la maîtrise qu’offre l’élève pour orthographier les accords, et l’usage, et aussi de son écriture (graphomotricité). Elle devient alors une ressource pour individualiser l’enseignement de l’orthographe.

Imaginons que l’apprenant analyse la dictée qu’il vient d’écrire selon des critères qui lui sont fournis, puis en collaboration avec l’adulte aidant, il réalise ses difficultés et un programme de remédiation en conséquence. Pas de mauvais points, que des points de remédiation !

Ce type de démarche existe rarement dans les écoles.

Voici deux conseils reconnus comme efficaces pour préparer une dictée, ou des listes de mots. Ils s’avèrent adaptés aux exigences actuelles des enseignants.

Je = l’élève

Étape préalable : Si possible, je veille à planifier le temps de préparation. Je peux diviser le texte ou la liste de mots à préparer en plusieurs parties, par exemple selon le nombre de jours disponibles pour la préparer. Si je dispose de 5 jours, je partage le texte en quatre parties et la veille du contrôle je me fais dicter uniquement les difficultés mises en évidence lors de la préparation.

Si je dois apprendre une liste de mots, je me reporte aux deux méthodes suivantes, basées sur une certaine logique verbale, et en plus je regroupe les mots par famille et recherche leur étymologie (l’histoire du mot, donc de son orthographe).

1re méthode : Je me fais dicter le texte ou la partie du jour si possible sans l’avoir lu.

Un des principes de ce procédé consiste à me centrer sur les erreurs et à éviter de réécrire les parties justes.

  1. On me dicte la première tranche ou tout le texte si c’est pour le lendemain.
  2. Je la vérifie d’abord pour contrôler l’usage.
  3. Je la relis ensuite pour les accords, ainsi je ne pense qu’à un type de vérification à la fois.
  4. À l’aide de l’écrit, je corrige les inexactitudes dans le but de les expliquer.
  5. Quelqu’un examine s’il ne reste pas d’erreur. S’il en trouve, pour guider ma réflexion, il note une croix dans la marge, à hauteur de la phrase concernée. À moi de les identifier, d’abord sans les notes.
  6. Le lendemain, on me dicte les parties erronées de la veille puis la partie suivante, ainsi de suite pour chaque subdivision.

Ainsi si j’ai 4 jours pour le travailler, je divise le texte en trois sections et la veille on me lit uniquement les segments ou mots qui restent difficiles à orthographier.

2e méthode : elle est destinée aux élèves qui ne se satisferaient pas de celle décrite ci-dessus, par exemple en commettant un grand nombre d’erreurs dès le départ.

  1. Je lis la première partie en exagérant les difficultés (très apprécié et efficace). Je lis tout haut la première phrase en prononçant les difficultés de sorte que je les entende bien.

Exemple : Les pommmmmes sont toutessssss – pluriel avec pommes – pourrrrrriesss.

  • Ainsi, phrase par phrase, je caricature les difficultés, mais aussi en disant les difficultés d’accord.
  • Le lendemain, idem pour la partie suivante (si j’ai pu diviser le texte), puis je me fais dicter la partie de la veille, normalement ou en caricaturant si je le préfère.
  • Le jour précédent le contrôle, je peux me faire dicter normalement les extraits que je pense encore compliqués.

L’idée est de passer par l’analyse grammaticale, auditive et visuelle, sans compter que beaucoup y trouvent un réel plaisir notamment quand ils caricaturent la difficulté. L’enfant repère, localise, identifie des sons et leur écriture, mais aussi les règles d’accord.

Réécrire tout, la veille, donne de moins bons résultats, rappelons-nous l’article précédent, 4 erreurs sur cent mots, pourquoi réécrire les 96 de juste ? https://centredereussitescolaire.be/2019/03/17/ameliorer-son-orthographe-et-ne-pas-etre-en-faute/

Pour les erreurs grammaticales, on dicte le contexte sans plus.

Et pour ceux qui veulent s’améliorer, ou aider tout simplement :

Les élèves désireux de progresser peuvent se faire dicter une ou deux phrases de leur choix, 4 à 5 fois par semaine et appliquer la 1re ou 2ème méthode proposée ci-dessus pour les dictées préparées.

Il existe des livres ou des didacticiels de bonne qualité. L’apprenant doit être accompagné dans leur utilisation. N’hésitez pas à commencer par un niveau facile, inférieur de deux ans à son âge, puis à progresser petit à petit, c’est la réussite qui motive à continuer. Des périodes d’1/4 heure tout compris suffisent, c’est la régularité qui compte, par exemple 4 à 5 séances par semaine.

Permettre à l’élève d’utiliser sans restriction un dictionnaire orthographique papier, ou un correcteur informatisé, offre de nombreux avantages, rapidité, réelle amélioration de ce qui est écrit ou tapé, notamment. Certains programmes offrent une foule d’informations : définitions, synonymes, antonymes, citations, style, analyse de la nature et de la fonction, vérification de l’orthographe d’usage et grammaticale accompagnée de propositions et réflexions, etc., très utiles et pour toute la famille !

Si manifestement ces méthodes ne permettent pas d’amélioration significative, et que l’élève reste en échec, et se situe fort en dessous de la moyenne de la classe, il importe de lui faire bénéficier d’une évaluation de sa maîtrise du langage écrit (lecture, orthographe, écriture) par un.e professionnel.le.

Cela vaut aussi pour ceux qui ont changé de régime linguistique et qui ne s’améliorent pas « normalement ».

Article inspiré du livre : https://centredereussitescolaire.be/wp-content/uploads/2018/10/guide_reussir_a_lecole_t-able_mati%C3%A8res_siteweb.pdf.

L’équipe


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