Les MATHS à l’école? Ha la la, pffffffff, si malaimées! Il y a de quoi!

Partie 1, à savoir

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Comme à la radio

Ha ! La mathématique, son calcul, sa géométrie, trigonométrie, ses statistiques, etc., bref tant de domaines, parfois si différents les uns des autres ! La mathématique, un langage en soi qui peut apporter beaucoup de plaisir et qui dans nos écoles se voit tellement souvent crainte, imaginée comme inaccessible, associée à tant d’échecs, d’efforts vains, d’angoisses, de pleurs, pour les élèves, et d’argent trop souvent dépensé inutilement en leçons particulières.

Nous aborderons la mathématique à l’école en deux parties, la 1ère (cet article-ci) : ce qui est bon à savoir, la 2è (l’article suivant, à paraître) : quelques conseils pédagogiques, méthodologiques pour la « comprendre », résoudre des exercices, apprendre une démonstration, des propriétés, pour mémoriser des définitions, des formules. Et ce qu’il faut ne pas faire, éviter !

À savoir

Une des 1ères significations du mot mathématique d’après Le Robert historique de la langue française est « Apprendre par l’expérience, apprendre à connaître ». Il possède bien d’autres sens, mais celui-ci nous rappelle l’importance de l’expérience, de la manipulation pour apprendre à connaître.

Or, nos programmes scolaires en mathématiques sont mal adaptés aux ressources d’apprentissage des élèves. Tant en primaire qu’en secondaire, trop de matières, trop abstraites, trop tôt.

Son enseignement génère de très nombreux échecs, jusqu’à toucher régulièrement la majorité d’une classe, dans le secondaire.

En comparaison avec les autres pays européens, la quantité de matière de ce cours est globalement nettement plus élevée chez nous. En Belgique, les écoles flamandes offrent un programme mieux adapté à l’âge des apprenants.

La grande majorité des milliers d’élèves que nous avons rencontrés en consultation depuis plus de 30 ans se plaignent d’éprouver des difficultés pour apprendre la mathématique et ils ne sont pas fainéants !

Pourquoi « les maths » s’avèrent-elles si difficiles à apprendre, dans nos écoles ? Voici quelques raisons :

  1. Manque cruel de manipulation (ordonnée, orientée), de mises en situation, de l’utilisation de nos sens, le kinesthésique inclus (mouvements).
  2. Trop de sujets vus trop vite, cela devient vite du « bourrage forçage », peu de liens sont établis entre ces sujets, « À quoi tout ça me sert? ».
  3. Des méthodes de travail conséquentes à l‘enseignement subi, souvent frontal : donc axées sur le par cœur, la reproduction, le refaire.
  4. Un sentiment d’incompétence en math très envahissant.
  5. Très vite la matière ne peut plus être comprise si l’élève ne maîtrise pas les notions de base ou prérequises à ce qu’il étudie, quel que soit le domaine concerné.
  6. Une évaluation sommative négative qui amène l’élève à redouter tout contrôle ou examen, jusqu’à la panique. Sans compter la pédagogie des compétences qui aggrave la situation.
  7. DYS : les jeunes victimes de dysharmonie cognitive, dyslexie, dyspraxie, dysphasie, etc. se voient trop souvent pénalisées par leurs faiblesses, car la pédagogie est peu basée sur la manipulation, le concret, et trop sur la lecture, la mémoire. Voir : – Ce qui est utile et heureux de savoir au sujet de l’élève dit « dys »https://centredereussitescolaire.be/2020/02/04/ce-qui-est-utile-et-heureux-de-savoir-au-sujet-de-leleve-dit-dys/
  8. Dyscalculie : trouble d’apprentissage des nombres, du calcul qui offre de nombreuses causes dont la méthode de travail, une pédagogie inadéquate, des dys.
  9. La bosse des maths n’existe pas ! Grâce à l’imagerie médicale, Olivier Houdé, psychologue français, professeur de psychologie du développement à l’Université de Paris  (Houdé, O, 2006, pp 83, 84, « 10 leçons de psychologie et de pédagogie », Paris, PUF, Quadrige) constate entre autres que la bosse des mathématiques n’existe pas, pas plus qu’une bosse de la logique, que toutes les intelligences sont connectées, qu’il existe un lien intime dans notre cerveau entre logique, langage et émotion. La pratique pédagogique et les sciences cognitives s’accordent pour souligner l’importance d’une pédagogie de la réussite axée sur l’individualisation, l’expérimentation positive et l’évaluation continuée. Le plus souvent, les aides proposées par les écoles, les leçons particulières renforcent le sentiment d’incompétence de l’apprenant et la croyance erronée que ce cours est naturellement difficile et lié à une forme de supériorité intellectuelle. Il suffit de se penser incapable, d’éprouver un grand déplaisir face à un problème mathématique pour que notre intelligence émotive inhibe notre raisonnement.

La Belgique francophone avant le confinement comptait le plus de redoublements en secondaire, d’Europe, notamment à cause du mauvais enseignement de la mathématique. Les remédiations ou ateliers proposés par les écoles depuis quelques années, les évaluations centrées sur la dyscalculie, les leçons particulières, les aides logopédiques n’y changent rien, que du contraire, tout cela retarde la bonne remédiation, celle qui se base sur une évaluation telle que nous l’expliquons dans l’article : « Tout élève mérite une évaluation diagnostique des apprentissages, pluridisciplinaire. https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/deuxieme-article/ ».

Retenez bien qu’un élève qui vit l’échec en mathématique trop fréquemment depuis longtemps n’est pas en faute, il n’y a pas de faute. 8 fois sur 10 l’apprenant affiche des difficultés d’apprentissage pouvant expliquer cet échec systématique si pénible. Cet échec restera, sans approche globale. Pas de bosse de math, pas de nul en math !

Didier Bronselaer