Le bonheur d’être à l’école, indépendamment des confinements

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Associe-t-on dans notre culture scolaire, la vie de l’élève avec la satisfaction, le bien-être qu’il éprouve à l’école, la plénitude qu’il ressent en pensant à sa vie d’élève ?

Le bonheur d’être à l’école, était (est) un thème peu traité, du moins jusqu’aux confinements. Associe-t-on dans notre culture scolaire, la vie de l’élève avec la satisfaction, le bien-être qu’il y éprouve, la plénitude qu’il ressent ? Très peu ! Pourtant comme l’a si bien écrit W.D. Winnicot (1995), l’école est le 2è foyer de l’enfant (voire le 3è pour les familles recomposées), alors pourquoi ne veille-t-on pas plus au bonheur d’être élève dans l’enseignement obligatoire ?

Du paradoxe comme explication :

Paradoxalement, le « trop de réussites » tue la réputation d’une école, d’un professeur. C’est trop facile ? C’est suspect ! Un professeur chez qui 9/10 des élèves réussissent n’est pas sérieux, qui plus est s’il enseigne les maths ou les sciences ou le flamand ! C’est normal que tant d’élèves échouent en math, c’est une matière difficile.

Quel retournement de situation ! NON, ce n’est pas normal qu’un cours imposé à des adolescents soit la source de nombreux échecs, avec leurs corolaires psychologiques (tristesses, souffrances, complexes), économiques (leçons particulières données souvent par ces mêmes enseignants qui sont à la source des échecs) et sociaux (l’option math est intellectuellement valorisée, et l’élève qui en échec se voit conseillé d’aller voir ailleurs. En techniques ?).

On qualifie d’élitiste un professeur, une école qui génère beaucoup d’échecs surtout les quatre premières années du secondaire. L’élève qui y affiche des difficultés récurrentes se voit conseiller vivement d’aller voir ailleurs.

L’échec nourrit l’élitisme, le trop de réussites s’associe au laxisme. Un paradoxe qui paralyse depuis longtemps l’évolution heureuse de notre système scolaire, car il ne respecte pas la règle élémentaire suivante :

La réussite d’un apprentissage génère le plaisir de l’apprendre, ce plaisir génère l’envie de continuer à l’apprendre ; cette logique constitue la source de la motivation.

Mais la mentalité des professionnels et des parents qui contribuent à la réputation d’une école élitiste pense que l’échec, la dureté de la pédagogie constitue un apprentissage, une source de motivation en soi « apprendre à travailler se voit lié à la souffrance ». Souffrir préparerait le jeune à la réalité de l’avenir, mais pas au bonheur d’apprendre !?

Pourquoi en fin de journée, après les cours, l’école n’offre-t-elle pas des espaces de vie, comme des ateliers d’art (il y en a 7), du sport, un lieu de remédiation géré professionnellement ?

Bien sûr, certaines écoles proposent des activités, mais c’est rare, et puis pas du tout institutionnellement inscrit. Les Écoles de devoirs dès leur création dans les années 70 ont été envisagées hors de l’école. Un contresens !

Le bonheur à l’école, une question de philosophie
Où ce mot est-il inscrit dans les objectifs des programmes, dans la politique scolaire ? La motivation heureuse se base sur le plaisir éprouvé, qui lui-même nait de la réussite récurrente rencontrée au cours des apprentissages. C’est une loi humaine. Si une personne dans l’exécution d’une tâche, dans un travail éprouve de façon répétée plus de déplaisir que de plaisir, il y a blocage, tristesse, sentiment d’échec. C’est une règle psychologique. La dureté de la pédagogie, la stigmatisation de l’élève qui échoue vont donc à l’encontre de la réussite scolaire et favorisent le blocage psychologique. Ce type de blocage est à la source de nombreux décrochages scolaires, et absentéismes professoraux.
Si on veut des élèves plus heureux dans leur vie scolaire, la pédagogie collaborative doit constituer un but en soi, elle favorisera un réel changement philosophique de notre enseignement obligatoire parce qu’elle s’élabore à partir des ressources cognitives, physiologiques de l’enfant, de son bonheur de vivre, de son bonheur d’apprendre. Ce bonheur est contagieux.

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