
Un bon élève « classique » est un manager qui travaille pour gagner des points, s’en enrichir toujours plus. Pas de profits suffisants, pas de reconnaissance des pairs, des enseignants, des autorités scolaires.
Peut-il partager ses points avec ses camarades ? NON !
Peut-il les prêter moyennant des intérêts en points, voire en euros ? NON !
Du coup, il est bien obligé de les thésauriser, et ce, toute sa vie d’élève.
Sinon que son capital « points » se voit réduit à zéro, qu’il en ait gagné peu ou beaucoup,
à chaque retour des grandes vacances.
Absurde, NON ?
Quelques conséquences d’avoir à accumuler un gros capital en points :
La peur d’en perdre.
La préoccupation anxiogène d’en gagner toujours plus.
La peur de devenir comme les pauvres en points, un humilié.
Absurde ? Non ! C’est la logique de notre culture scolaire.
Une logique d’autant plus absurde que le système qui « distribue » les points, c’est-à-dire l’évaluation sommative, a été démontré comme TOTALEMENT non valide, depuis des décennies ! Elle fausse la représentation des acquis de l’apprenant
(Voyez ou écoutez cette courte information : https://centredereussitescolaire.be/2022/06/07/voici-pourquoi-les-examens-evaluent-mal-les-apprentissages-scolaires-informations-conseils-bien-utiles-pour-les-parents-et-leurs-enfants/, 8 raisons scientifiques qui démontrent que l’évaluation sommative n’est pas valable pour évaluer les connaissances ou maîtrises d’un sujet d’un élève, quel que soit son âge.)
L’organisme dans lequel l’élève travaille, l’école, le soumet à l’enseignement de connaissances, de compétences rassemblées sous forme de cours, cours dirigés par les professeurs qui rémunéreront lesdits élèves sous forme de points, les amenant à constituer un capital éphémère qui peut d’ailleurs se retourner contre eux. Deux élèves de la même classe ayant suivi 33h de cours sur la semaine et censés avoir ingurgité la même dose d’enseignement en tireront un produit différent.
Plus l’enfant est jeune, plus les points seront entourés de compliments ou de reproches, et nous savons à quel point nous sommes sensibles aux remarques des autres, surtout de ceux qu’on aime, de ceux qui influencent notre bonheur d’être.
En plus, la course aux points continue pendant les temps de repos. Quid du bénéficie de ces une ou deux semaines de vacances de novembre ? Bien des élèves ont reçu du travail à faire, ont été prévenus qu’ils auront de gros contrôles la semaine qui suit celle de la rentrée (l’autorité scolaire a interdit de donner des interrogations la semaine de retour des vacances). Ces gros contrôles se verront rapidement suivis par les examens de Noël (super gros contrôles propres à la Belgique).
Bref, entre les vacances de novembre et celles de Noël, l’élève passera son temps à subir des évaluations certificatives (ça passe ou ça casse) prouvées comme imparfaites et nuisibles, plutôt que de bénéficier d’enseignement, « raison » de sa présence à l’école. Ces examens constituent des moments de gains de points importants, et inversement, de gros capitaux sont en jeu. Trop peu de points gagnés ? C’est un risque de faillite psychologique, pédagogique, morale. L’élève n’aura même pas droit au chômage, son seul recours pour y survivre est sa famille.
Rappelons toutefois que de plus en plus d’écoles secondaires remplacent les examens de Noël par des évaluations sommatives adaptées aux lacunes des élèves ; même si elles restent sommatives, c’est un net progrès au bénéfice des apprenants, ils y ont moins à perdre.
N’oublions pas, un élève qui gagne beaucoup de points peut n’avoir appris que très peu, un élève trop peu rétribué en points peut avoir beaucoup appris.
Absurde, non ?
Mais alors que faire, me direz-vous ?
Hé bien, comme le font certaines écoles chez nous, comme le pratiquent des écoles à pédagogie dite ouverte, des écoles internationales, et aussi de nombreux pays, inspirons-nous de la pédagogie collaborative avec sa pratique de l’évaluation formative mutuelle (lisez ou écoutez cette courte information professionnelle : La PÉDAGOGIE COLLABORATIVE https://centredereussitescolaire.be/2021/07/04/si-vous-etes-pour-une-relation-collaborative-harmonieuse-constructive-et-positive-entre-les-usagers-de-lecole-obligatoire-alors-promouvez-la-pedagogie-collaborative/)
Par définition, l’évaluation formative mutuelle s’axe sur les ressources d’apprentissage du jeune, valorise une constante autoévaluation, un échange permanent entre lui et son environnement. Ce qu’il acquiert l’enrichit, et ne peut être remis à zéro. Ses acquis, il les partage sans intérêt autre que de s’en sentir valorisé. Il se voit progresser positivement, tout en prenant conscience de ses lacunes, des efforts fournis, et à fournir. Cela demande aussi du travail, du courage.
Ha oui, il y a aussi 500 à 600 millions d’euros à y gagner (frais dus aux redoublements, et qui dans la pédagogie collaborative s’avèrent évités).
2 thoughts on “Quels profits pour l’élève belge francophone qui fréquente l’école obligatoire « classique » ?”
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