Ce sacro-saint programme scolaire, ou le phantasme d’une culture scolaire qui veut faire rentrer un même rond dans tous les carrés !

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Gare ! Les examens ou gros contrôles de synthèse, effets secondaires nuisibles des programmes, en approche, les centaines de milliers d’élèves de l’enseignement obligatoire, en danger.

« Il faut avoir vu tout le programme », ce fameux prétexte aux décisions prises souvent aux dépens de l’apprenant constitue un des excès de notre culture scolaire. Les enfants acceptent, dans la mesure de leur possible, d’essayer de maîtriser tous ces contenus parce qu’à priori ils font confiance à l’adulte. Mais l’enfant grandit socialement, physiquement, il devient pubère et adolescent, il commence à réfléchir autrement, son cerveau mûrit. Alors pourquoi dois-je apprendre « ça », puisque « ça » ne me sert à rien ? Question légitime que l’adulte se pose avant tout effort cognitif, mais quand elle est posée par un être en devenir qui remet tout en question puisqu’il est en devenir, ça « bloque ». L’apprenant n’est informé ni sur le pourquoi (double question : à cause de quoi, et dans quel but ?), ni sur la façon dont il sera évalué, ni sur la façon dont il pourra s’(auto)évaluer.

En somme, le principal intéressé n’est pas informé, il se voit juste imposer une suite d’obstacles à franchir, sans sens constructif pour « soi ». Un contenu inerte face à de jeunes esprits en pleine évolution, et qui existent, à une société qui reste bien vivante. Je pense aux cours les plus en cause dans les échecs, et les redoublements : mathématiques, physique, chimie, flamand, français. Ces matières n’ont fait que grossir, devenir de plus en plus indigestes alors que le taux de redoublement dans notre enseignement secondaire reste, pour rappel,dans les plus élevés d’Europe, voire d’une grande partie du monde, depuis des décennies.

Associées à une didactique tout aussi figée, ces matières aux contenus de plus en inadaptés tant aux jeunes qu’aux besoins de la société sont à mettre en relation avec un taux de décrochage scolaire et d’absentéisme professoral qui n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui.

Il n’est plus indiqué :
° de forcer des jeunes à apprendre les mêmes choses, les mêmes quantités de ces choses, sans remettre ces choses en question, continuellement,
°d’enseigner ces savoirs et savoir-faire de manière ex cathedra,
° d’évaluer leur maîtrise par des évaluations sommatives, ou certificatives, qui les sanctionnent, sans plus, puisqu’elles n’évaluent pas la maîtrise du programme qu’offre l’évalué,
° d’imposer les évaluations certificatives CEB, et CE1D ; elles dévoient l’acte d’apprentissage en une « exercisation » aveugle (refaire les épreuves des années antérieures, remplir les cahiers d’exercices des éditeurs scolaires ou feuilles fournies par l’école) ; presque aucun pays d’Europe ne pratique une telle évaluation avant la 6è secondaire,

Propositions
Il paraît indispensable :
d’informer le jeune et sa famille sur * l’utilité et les buts, des contenus des programmes, * la façon dont il sera évalué,
* la façon dont il pourra seul, ou avec l’aide de ses proches s’évaluer, se situer dans l’acquisition des savoirs et savoir-faire attendus par l’école,
– de permettre à chaque apprenant d’élaborer son dossier d’apprentissage, un outil qui permet la meilleure collaboration avec ses enseignants,
d’adapter chaque programme de cours aux ressources d’apprentissage de chacun, justement grâce notamment au dossier d’apprentissage et à la pédagogie collaborative,
que chaque évaluation fasse partie d’un acte d’enseignement adapté aux ressources de chaque élève,
– que tant l’apprenant que son professeur se voient progresser ensemble dans leur travail, travail qui doit positiver leur relation mutuelle,
– que l’évaluation certificative soit renvoyée à la fin du cycle obligatoire, sans redoublement, puisque les programmes peuvent être étalés, individualisés, adaptés à l’évolution de l’enseigné.

N’oublions pas

  • Que depuis le 20 mars 2020, des pans entiers des programmes scolaires n’ont pas été enseignés ou de façon inadaptée, aux élèves (masques, enseignement hybride, confinements),
  • que depuis nos enfants ingurgitent les matières sur des acquis troués.

Notre métier nous démontre que depuis au moins un an, la très grande majorité des enseignants n’en tiennent absolument pas compte. « Le programme c’est le programme ! »


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