Les avantages que peut apporter un problème scolaire, qu’empêche-t-il, que permet-il ?

Un bénéfice à un problème scolaire ? Est-ce possible ? Proposons à l’élève en difficulté, à ses proches d’essayer de répondre à ces questions, qu’empêche et que permet un problème scolaire ? D’autres membres de la famille rencontrent-ils ou ont-ils rencontré ce genre de problème ? Quand un parent a vécu un traumatisme lors de sa scolarité, ce n’est pas simple pour lui ou elle d’admettre que ce traumatisme peut se rejouer chez son enfant, le fruit de sa chair. Le traumatisme peut également se rejouer chez un frère, ou une sœur.

Des difficultés scolaires peuvent comporter des caractéristiques positives. Les points ci-dessous sont à prendre comme des éventualités. Cette liste de possibles bénéfices est loin d’être exhaustive. Du point de vue de l’élève :

S’affranchir d’un milieu trop contraignant qui nuit à son estime de soi.

⦁ Le jeune peut aussi exprimer, à défaut de mots, des tensions dues à des rapports familiaux mal intégrés, parfois trop scolarisés. ⦁ S’affirmer par rapport aux parents, fratrie comprise.

Refléter un désir d’accomplissement personnel en intégrant le marché du travail avant ses pairs, qui plus est si le jeune a pris du retard (doublement d’une année ou plus, sentiment d’être toujours derrière les autres quand il s’agit de performances scolaires, etc.).

⦁ Décrocher peut constituer la seule réponse qu’un ou une élève ait trouvée pour résoudre des tensions internes devenues insupportables. Ce type de réaction peut être bien plus adéquat qu’un retournement sur soi, retournement susceptible d’ouvrir la porte notamment à une vraie dépression. Il peut avoir vécu sa scolarité comme une intrusion systématique, depuis des années, comme se sentir constamment obligé de faire des choses trop exigeantes ou qu’il ne voulait pas faire. Pour rappel : « On ne demande pas à un élève encore et encore ce qu’il ne peut pas donner. » https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/troisieme-article/

Du point de vue des parents :

⦁ De telles difficultés peuvent distraire la famille de problèmes plus difficiles à gérer, comme un conflit entre les parents, des problèmes professionnels, des maladies mentales ou physiques et autres sources de dysfonctionnements familiaux.

⦁ Le rôle de parent est mis en évidence, c’est l’occasion de s’occuper plus de son enfant en tant que (belle)mère ou (beau)père.

Du point de vue de l’enseignant :

Éviter de remettre son enseignement en question, c’est l’élève qui ne fait pas ce qu’il faut ou ses parents.

Répondre à l’image du professeur élitiste. Un professeur chez qui les élèves réussissent en nombre est …trop facile !

En général :

Attirer l’attention sur soi.

Favoriser une remise en question.

⦁ Être l’occasion d’un peu suspendre le temps, notamment dans les familles stressées, hyperactives.

⦁ L’élève peut avoir peur de devoir continuer à performer, de ne plus pouvoir respirer.

Réflexions d’apprenants : « Depuis que j’ai eu 85%, j’ai les parents sur le dos ! », « Depuis que j’ai eu le prix de géographie en 5ème primaire, chaque fois que je n’ai pas 9 ou 10, ils me disent, pour quelqu’un qui a eu un prix de géographie, ce n’est pas fameux ! », « Je veux changer d’option ! », « Ma sœur a toujours mieux réussi que moi, c’est comme ça. », « J’en ai marre d’être en échec, de décevoir tout le monde. »

Bien sûr, il n’est pas question d‘imaginer que l’élève le fait exprès, sans plus, sauf si moi, adulte, y trouve un bénéfice, mais alors lequel ? Question intéressante ! En tant que parent, on a le nez dans le guidon, une mauvaise position pour répondre seul à cette intéressante question.

*Cet article est un extrait, actualisé par l’auteur, du livre « Réussir à l’école », Averbode, Labor éducation, 2010, de Bronselaer D.

Lu et apprécié

Crahay, M., Dutrévis, M., sous leur direction, (2015), « Psychologie des apprentissages scolaires », 424 pages, 2è édition, Ouvertures Psychologiques, de Boeck supérieur.

Voici un livre rigoureux très riche en informations sur les apprentissages scolaires. Il nous rappelle qu’apprendre à l’école se fonde sur de nombreux mécanismes dont il faut tenir compte. Il informe intelligemment les personnes qui souhaitent des réponses complètes et justes à leurs questions. Son contenu s’appuie sur la grande richesse qu’offrent les recherches en psychologie, pédagogie, neurosciences, notamment. En tant que professionnels, nous sommes heureux que la consultation de cet ouvrage amène tout lecteur, les parents comme les enseignants ou autres professionnels, à réaliser que n’importe quel problème scolaire exige une appréhension sérieuse, globale qui nous fait réfléchir de façon transdisciplinaire ; bien sûr, ça prend le temps nécessaire, ici le temps est notre allié. Si j’utilise ce livre pour réfléchir sur un sujet tel que la lecture, la motivation, le comptage, l’orthographe, la métacognition, la mémoire de travail, etc., je serai sûr de la richesse de ce que j’en tirerai, et que le temps pris, au fond est du temps gagné. Cet outil sans concession à la superficialité s’adresse à toutes les usagères et tous les usagers de l’école, nous sommes heureux qu’il soit aussi conçu comme référence pour de futurs psychologues et pédagogues universitaires. Nos enfants le méritent.

Angoisse, inquiétude et évaluations scolaires

Ce sont plusieurs étudiant.e.s en secondaire rencontré.e.s en une ou deux semaines, se plaignant d’éprouver une angoisse ou une inquiétude envahissante la veille de contrôles ou d’examens, qui constituent le déclencheur de cette réflexion écrite, qui ne demandait d’ailleurs qu’à s’exprimer depuis longtemps.

Par clarté, nous définissons l’angoisse comme suit : « Affect de caractéristique négative où la personne éprouve un vécu de danger dont l’origine n’est pas consciente… », Dictionnaire International de la Psychanalyse, p 99, 2002, Calmann-lévy sous la direction d’Alain De Mijolla. L’inquiétude, définition littéraire de l’angoisse, est une absence de quiétude qui peut générer un état d’agitation, d’instabilité motrice ou psychique, un sentiment d’insatisfaction, constituer une source d’hyperactivité, de trouble de l’attention.

Exemples de plaintes : « Je ne sais pas appliquer la théorie, j’angoisse, peur de rater moi-même. » ; « Je stresse en sciences, en mathématiques, en langues, en sciences (répétées deux fois par l’élève) et en néerlandais, ça impacte mes réponses » ; « Il y a de très gros conflits entre moi et mes parents. Sa maman de répondre : Je suis très touchée par les réactions de ma fille, elle nous parle très agressivement, mais elle fait de son mieux ! » Ces étudiant.e.s qui nous ont motivés pour cet article travaillent beaucoup, n’ont pas ou peu l’expérience de l’échec; pour ces jeunes-là, une évaluation de leurs ressources d’apprentissage nous a montré qu’ils ou elles n’affichent pas de faiblesse qui pourrait justifier un sentiment d’incompétence, comme c’est régulièrement le cas. Et pourtant ils, elles souffrent de la peur de rater, leurs familles en sont tristes, se sentent impuissantes, leur enfant travaille et vit dans l’inquiétude.

Ce sentiment d’insécurité vécu par l’étudiant.e se voit régulièrement, mais pas toujours, alimenté en partie par le stress négatif qu’au moins un des parents vit, pas forcément consciemment, à son propre travail. Cedit parent n’est pas dans une position facile pour aider constructivement son enfant.

Comment les aider ?

Nous devons accepter de ne pas avoir prise sur « l’école », et que la famille constitue le filet de sécurité sur lequel la famille elle-même a prise. Nous vous décrivons ici comment sont aidées celles qui décident de consulter notre centre pluridisciplinaire indépendant qui a pour règle de base de répondre à la question double : qu’est-ce qui est le mieux pour l’apprenant qui nous consulte, sa famille, et pour l’apprenant en général ? –

  • D’abord, écouter le jeune et sa famille, son histoire de vie. 
  • Ensuite, offrir l’occasion à cet apprenant, à ses parents, de mieux se ou le comprendre grâce à une évaluation diagnostique des apprentissages (https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/deuxieme-article/). Ce travail consiste en une thérapie brève permettant à l’élève, à ses proches, de mieux connaître ses ressources, de bien réaliser ses forces. Il ou elle en ressort rassuré.e sur le plan narcissique, ses parents le plus souvent, aussi.
  • Peut s’en suivre alors une guidance à médiation psychopédagogique s’appuyant sur la métacognition (notion définie ici: https://centredereussitescolaire.be/2018/12/12/comprendre-par-soi-meme-malgre-lenseignement-frontal-2/) qui offre à l’apprenant l’expérience d’exploiter ses meilleures ressources, de se sentir réellement agir sur les situations d’apprentissage et par conséquent sur les situations d’évaluation. Dans le cadre de cette guidance, ces élèves vont aussi bénéficier de techniques portant sur la gestion de leur stress, comme le brain-gym, la méditation.

Rappelons que nous n’avons pas de prise sur l’évaluation scolaire (voir ci-dessous)   telle que menée dans nos écoles ; cette évaluation-sanction provoque en général un grand sentiment d’insécurité envahissant qui entraîne chez de très nombreux élèves une impossibilité de trouver la quiétude en situation d’apprentissage scolaire. Les évaluations sommatives, certificatives, le CEB, le CE1D, CE2D, les examens de Noël et de juin, etc. sont pour les élèves, leurs parents et aussi certains enseignants, liés à l’inquiétude plus ou moins consciente, à la peur de rater.

Générer la peur de rater favorise l’inégalité puisque chacun se voit renvoyé à ses faiblesses, ses inhibitions. Dans notre enseignement secondaire, jamais autant de temps n’a été consacré à l’évaluation qui met des points et sanctionne l’apprenant, qui autorise ou pas le passage d’années et jamais aussi peu de temps n’a été consacré à enseigner les matières (évaluer n’est pas enseigner), notons de plus que les matières ont augmenté en quantité dans beaucoup de cours. Ça, c’est très inquiétant, voire angoissant, le taux élevé d’absentéisme des professeurs en est peut-être aussi une des conséquences. Tout le monde y perd. Ce sont surtout les familles qui veillent à la réussite scolaire de leur enfant qui « assurent » et qui nous rassurent.

L’équipe

(Les points peuvent parfaitement représenter une échelle de culpabilité relative, pour chaque personne. 2/10, QUOI, 2/10, t’as pas honte ! Le sujet est blâmé. La remarque écrite du professeur fort rouge et soulignée, « Tu n’as pas travaillé ! », le sujet est blâmé. « Je suis un nul, je n’y arriverai pas. », le sujet se blâme. Culpabilité maximum, personne pour l’aider à prendre des distances. Le sujet apprend à se soumettre, se punir, mais pas que lui, ses proches aussi, « que n’ai-je pas fait, qu’ai-je raté ? ». Le professeur selon son degré de résistance, de conscience, éprouve de la tristesse, ou de la colère, voire de l’ambivalence émotionnelle (il n’a que ce qu’il mérite – qu’ai-je mal fait ?).

Revoir un cours, planifier ses révisions. Piqûre de rappel!

Partons d’une logique simple, le temps et l’espace constituent des repères fixes.

Voici une organisation permettant de tenir compte de la maîtrise de chaque cours, des devoirs et leçons, du temps donné pour les révisions. 

  • 1. Je me fixe des périodes d’étude plutôt qu’un nombre de pages parce que les heures demeurent incompressibles, faciles à vérifier. Si je décide deux heures d’étude et les respecte, j’ai atteint mon objectif.
  •  2. J’apprécie ce qui reste à étudier puis fixe à nouveau les moments de travail.
  • 3. Prévoir une quantité de matière risque d’entraîner les problèmes de stress : je peux sans cesse être préoccupé par le temps qui passe et par ce qui reste à effectuer.

La plupart des étudiants rencontrés en période de révisions ne sont pas contents de leur progression dans les cours, se trouvant trop lents. Cependant, dès qu’ils appliquent le principe d’une durée fixée, ils se disent soulagés. Si le temps manque, c’est comme ça et ils agissent en conséquence.

4. Fixer des temps d’étude constitue un repère clair.

Revoir un cours renvoie l’élève à la façon dont il l’a étudié, dont il le maîtrise. Ces conseils éprouvés par des centaines d’élèves allient le temps et l’espace :

1) Je commence par la fin du cours et le remonte chapitre par chapitre ou je chemine du plus dur au plus facile, cela me permet d’aborder la matière la plus énergivore en premier lieu. En cas de problème, il n’est pas trop tard pour demander des explications. La fatigue se fait moins sentir en début de révisions que par la suite. Si le temps pour tout revoir me fait défaut, il vaut mieux pour moi manquer le début ou le plus simple que le plus compliqué.

2) Je me renseigne, si possible, auprès d’élèves qui ont déjà eu le même professeur : comment interroge-t-il, comment note-t-il ?

3) Si j’éprouve des retards importants dans un cours fort hiérarchisé, alors je le travaille du début, sous peine d’obstacles rapidement infranchissables.

4) Je vérifie ma connaissance de la théorie (s’interroger sans relire avant), ensuite je m’exerce sur des exercices nouveaux si possible.

5) Si j’établis un formulaire en sciences ou mathématiques, je facilite mon autoévaluation de la connaissance des formules, règles ou propriétés.

6) En regard des énoncés (au brouillon), de mémoire j’écris les formules concernées par ce thème, ensuite je les applique sur des exercices nouveaux. S’il n’y a pas d’exercice nouveau, j’en crée en changeant un peu un exercice résolu ; je change légèrement certaines données.

7) Pour contrôler ma connaissance, m’évaluer, je peux me questionner sans avoir relu, même si j’ai l’impression d’avoir trop oublié ou si je crois que relire directement permet d’aller plus vite, appréciations dues le plus souvent au stress. Les étudiants qui le font s’en déclarent satisfaits malgré l’effort important à fournir pour changer des habitudes. Les questionnaires ou tables des matières se révèlent ici très utiles pour s’évaluer, s’ils font défaut, j’en construis.

8) Pour m’assurer de ma bonne compréhension, toujours à partir des mots clés ou sujets clés repris dans le questionnaire ou la table des matières, je les commente en détail oralement puis je vérifie l’exactitude de mes dires.

Cet élève a donc prévu de travailler trois cours par jour, 3 heures le samedi et 2h et demie le dimanche. Le lundi est rempli le samedi en fonction de l’avancement.

c’est une des raisons pour lesquelles les autres pays d’Europe se passent très bien de ce système d’évaluation destructeur. Les élèves qui y échouent sont en majorité victimes de cette évaluation parce qu’elle est globalement inadaptée à l’enseignement des professeurs et aux ressources d’apprentissage des élèves. En plus, la peur de rater provoque des angoisses qui empêchent de nombreux étudiants de les réussir malgré leur bon investissement. Seule la suppression des examens de Noël et de juin améliorera la vie des élèves et des enseignants en Belgique francophone et allongera le temps d’enseignement (3 semaines perdues à chaque fois) si utile aux apprenants en difficulté.

L’enseignement obligatoire secondaire suspend son enseignement, majoritairement, pendant un mois (juin), comme d’habitude, sauf notamment certains athénées royaux qui ont l’excellente idée de continuer à enseigner tout en développant une évaluation plus formative et individualisée Malheureusement des écoles primaires copient cette mauvaise habitude, alors que les enfants sont fatigués.

Des conseils pédagogiques et plus encore, très concrets et éprouvés destinés aux élèves et étudiants soumis à des examens, ou évaluation sommatives, ce mois de décembre.

N’oublions pas que les enfants et adolescents ont souffert et souffrent encore :

  • – D’un manque d’acquis dû au non-enseignement et enseignement lacunaire de nombreuses matières durant plusieurs mois, une conséquence des périodes de confinement et d’enseignement hybride.
  • – D’un manque d’acquis dû aux périodes de non-enseignement dues à un absentéisme professoral qui n’a jamais été aussi important, dont les cours sans professeur.

Force est de constater que de (très) nombreux professeurs n’en tiennent pas compte et font comme si rien ne s’était passé et mettent sur le dos de leurs élèves l’obligation de rattraper la matière. Il faut en discuter avec les enseignants; les parents et les élèves, ensemble, peuvent leur écrire leurs doléances, en détail. Les professeurs, direction comprise, se montrent de plus en plus à l’écoute. Mais l’initiative doit venir de la majorité, c’est-à-dire des élèves avec leurs parents. Je peux vous assurer que c’est ce qui se passe dans les écoles internationales, européennes, notamment, et ce dans un esprit positif d’échange: qu’est-ce qui est le mieux pour l’élève?

Remarques :

Ne jamais aller à un examen si on ne se sent pas bien! Comme les adultes, dans ce cas, l’élève va chez le médecin, il a droit à un certificat médical. Y aller alors qu’on se sent malade, indisposé n’est pas du courage, mais de l’inconscience. L’école, a priori ne fait pas de cadeau.

À NE PAS OUBLIER

  • Bien dormir
  • Bien manger, éviter les sucres rapides, prendre un bon petit déjeuner, se munir d’aliments qui favorisent la concentration et les prendre pendant la journée (voir avec le pharmacien, médecin, diététicien)
  • Un élève qui a bien dormi et qui s’alimente bien répondra mieux aux contrôles et donc aura de meilleurs points. Mal nourri ou fatigué, il peut récolter un 45% alors qu’il aurait eu au moins 55%, bien concentré, c’est largement démontré.

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