
Cet article constitue la 2è partie de ce sujet (voir : https://centredereussitescolaire.be/2019/04/15/lapres-paque-periode-a-risque-pour-le-decrochage-scolaire/)
Un problème peut en cacher un autre, plus fondamental. Une difficulté peut en induire une autre, comme un enfant en échec qui se voit rejeté par ses condisciples. Les difficultés d’apprentissage de cet élève peuvent entraîner une fuite des idées et rendre tout effort intellectuel particulièrement éprouvant, le résultat de ce travail intellectuel soutenu devient lui-même difficile à conserver en mémoire. Le soir, nettement plus fatigué que la normale, il se montre du coup peu disponible pour ses travaux scolaires, ce qui peut irriter son entourage et provoquer un climat harassant pour tous. Dans ces conditions, petit à petit un sentiment de persécution envahit ledit élève parce que les adultes exigent de lui sans cesse plus d’efforts dans des tâches qu’il se sent de moins en moins capable de mener à bien. À force d’entendre des remarques du genre « Si tu voulais ! Tu es intelligent, mais tu es un fainéant. Après tout ce qu’on fait pour toi, tu pourrais faire un effort ! Etc. », progresse en lui l’impression d’être incompris, incapable, il réagit alors de façon de plus en plus inadaptée (troubles du comportement, une inhibition intellectuelle, etc.). La communication devient à ce moment un problème supplémentaire à résoudre, le sac à dos devient tellement lourd que l’apprenant n’arrive plus à rester accroché à son job d’écolier ! L’école pour ce jeune catalyse toutes les sources de ses frustrations : «Finie l’école, finis les problèmes !»
Une solution consiste alors à « décrocher ». Une fois l’abandon scolaire effectif, le noeud s’avère très serré et pour longtemps. L’énergie à dépenser pour résoudre ce problème ne fût-ce qu’en partie se montrera très élevée et portera sur un longtemps, sans garantie d’aboutissement !
La question subsidiaire : Comment prévenir ce décrochage, percevoir les risques d’abandon ? Le nombre d’étudiants qui renoncent à « poursuivre l’école » en fin de cycle secondaire, ou supérieur, universitaire est étonnamment élevé. Ils sont à quelques mois de la fin d’un cycle, voire un an, pourtant psychologiquement ils s’en sentent tellement éloignés.
Voici une première évaluation du risque de décrochage ou abandon scolaires.
Une série d’indices de décrochage situés à plusieurs niveaux vous est proposée. Considérez-les comme des données exprimant la détresse d’une personne. Le terme d’indice est pris dans son sens de signe apparent qui indique avec probabilité. Le but est d’analyser les indices selon leur nature, fréquence ou répétition. L’avis de chacun est nécessaire. L’idée consiste à passer chaque point en revue (de A. à I.) avec le jeune, ses parents, frères et sœurs si possible aussi, ou toute personne qui peut donner un avis pertinent à ce sujet.
Veuillez entourer ou surligner un point dès qu’il est associé à du négatif, le compléter si nécessaire (cette liste se veut non exhaustive).
A. Les difficultés de comportement :
– de type introverti : « Il est trop renfermé. Il est très discret. »
– de type extraverti : « Cette élève n’arrête pas de bouger. Le lundi matin il est difficile, il se met en retard pour l’école. Ce jeune sabote les cours.» Remarque : l’ennui constitue aussi un indicateur aussi négatif que fréquent.
B. Les faiblesses instrumentales ou cognitives :
– psychomotrices, « Ce petit est tellement maladroit ! Il ne connaît pas sa gauche de sa droite. »
– de l’attention concentration, « Il ne sait pas rester assis à son bureau. C’est une rêveuse. »
– du langage oral, « Elle construit mal ses phrases. »
– du langage écrit, « J’écris très mal. Mon enfant fait plein de fautes. Tu ne sais pas lire. »
– de la mathématique, « Je suis nul en math. Il calcule mal. »
– de certains cours, « Cet enfant a toujours été faible en langues. Tous les ans il est en échec en français. »
– de la façon d’étudier, « Elle n’a aucune méthode. Il met un temps fou pour faire ses devoirs. Cet élève ne retient rien ! »
– du raisonnement, « Il a tant de difficulté à comprendre. Elle a toujours été lente pour apprendre ses leçons. Je dois tout lui expliquer plusieurs fois ! »
C. Le redoublement :
– de la 3ème maternelle, de la 1ère primaire « Ainsi, il pourra repartir de zéro. », « Cette petite a encore trop besoin de jouer. »
– malgré le redoublement, ça ne va pas mieux ;
– avoir deux ans de retard ;
– recommencer deux années en suivant, la même année scolaire ou deux fois en trois ans.
D. L’absentéisme : Analyser les absences selon leur fréquence, les moments de la journée, de la semaine, voire de l’année est souvent révélateur.
E. Le mal-être physique : Une fatigue excessive, une chute de tension, des maux de tête, maux de ventre, crises de larmes ; ces symptômes peuvent avoir lieu le matin avant d’aller à l’école ou le soir.
F. Le changement d’école, de région, de pays.
G. Les changements familiaux : – la naissance d’un frère ou d’une sœur ou un frère qui quitte la maison ; – des désaccords entre les parents (disputes, séparation), une recomposition familiale (nouveaux demi-frères et sœurs, nouveau beau-père ou belle-mère) ; – un parent qui perd son emploi ; – un parent qui commence un nouvel emploi.
H. La santé des proches : – un parent gravement malade ou handicapé ; – un décès.
I. Autre______________________________________________________________________
Résumé : ____________________________________________________________________
En rassemblant les avis de chacun et en en discutant avec le jeune, un pas vers une aide adaptée est fait.
S’il vous semble que cet élève affiche un nombre inquiétant d’indices, vous avez raison de faire appel à un avis professionnel indépendant de l’école et de la famille.
Attendre et voir constitue un facteur à risque important supplémentaire !
L’équipe
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