Les MATHS à l’école, ha la la ? MIEUX LES AIMER, si si, c’est possible !

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Partie 2 section 1, CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES
destinés aux enfants du primaire

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Cette 2è partie, CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES, est subdivisée en deux :

Section 1, pour les enfants en primaire (ce présent article)

Section 2, pour les étudiants en secondaire (le prochain article)

Ces conseils constituent la 2è partie de ce thème sur la mathématique,  » Les MATHS à l’école? Ha la la, pffffffff, si malaimées! Il y a de quoi! »

Pour lire et écouter la 1ère partie, cliquez : https://centredereussitescolaire.be/2021/01/14/les-maths-ha-la-la-pffffffff-si-malaimees-il-y-a-de-quoi/

1 CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES destinés aux élèves en primaire

Nous nous basons sur notre formation d’instituteur, et surtout de thérapeute spécialisé dans la remédiation, la thérapie d’élèves en difficulté d’apprentissage notamment, en mathématique, calcul, lecture, victimes de « dys », depuis 35 ans.

Une notion mathématique de base mal apprise peut affecter l’apprenant toute sa scolarité. Trop nombreux sont ceux qui développent une mauvaise méthode de travail pour étudier la mathématique.

Rappel : L’élève n’a prise que sur lui-même, pas sur la didactique du professeur, pas sur le programme (mal construit chez nous), pas sur l’évaluation sommative (source de nombreux échecs).

Quelques conseils éprouvés:

  1. Prendre son temps. Progresser petit à petit au gré des tâches réussies. Petit pas par petit pas.
  2. Chaque enfant prendra un temps différent à respecter, et ce pour chaque notion.
  3. Chaque nouveau nombre et chaque opération ( +, x, -, : ) ont tout intérêt à s’apprendre très progressivement : manipuler, dessiner, colorier, bouger, se mettre en situation, utiliser ses sens, ses doigts. Idem pour la géométrie, les grandeurs, etc.
  4. Amener l’enfant à expliquer ce qu’il fait, à jouer au professeur, à donner des exemples. Qu’il s’amuse !
  5. Utiliser le matériel qui fait partie de l’environnement de l’enfant : compter, dénombrer les fourchettes, couverts sur la table, des œufs dans le frigo, etc., idem dans une classe. Un petit exemple: la main plongée dans un sac, à l’aveugle, l’enfant doit y trouver le nombre d’objets.
  6. Passer par son corps : les doigts, les mains, bouger, le dessin de son corps sur une grande feuille, etc. On reviendra sur l’importance des doigts un peu plus loin.
  7. Le boulier chinois compte par 5, voir les vidéos internet, activité très intéressante.
  8. Pour les adultes qui le peuvent, amener l’enfant à compter, additionner (voire les 4 opérations), concrètement en base deux.
  9. Lors des devoirs, amener l’élève à manipuler et expliquer ce qu’il est en train de faire. Il vaut mieux un exercice expliqué, construit par lui, que plusieurs sans cette démarche. Les suivants si l’enfant est fatigué doivent être évités, sous peine de contre-travail. Plus il manipulera, plus il bénéficiera de repères visuels de consignes courtes et écrites, mieux il apprendra.
  10. Lors des devoirs, lui demander d’expliquer les questions pour vérifier qu’il les a bien comprises. Ne pas hésiter à vérifier sa compréhension de la matière en lui demandant de l’expliquer, de jouer au professeur.

Une méthode efficace pour mémoriser une définition (si l’enfant n’a pas le choix) :
Un principe : Un scientifique qui définit une notion par écrit passe souvent par l’observation, puis par la description. Par exemple, le volume du cube a été d’abord observé, manipulé, puis dessiné et défini en mots. La méthode suivante respecte la même logique.
Une procédure
1.Pendant que je lis la définition, la propriété, je la dessine ou la schématise ; j’essaye d’exécuter ce qui est écrit. Je « parle », j’explique les liens entre le dessin, la manipulation et le texte. Normalement, le fait de dessiner, visualiser,  aide à « comprendre ».

2. Ensuite je lis la définition mot à mot en précisant les liens avec le dessin, puis à partir de mon dessin, schéma, sans regarder l’écrit, j’évoque la théorie, si possible au mot à mot.

3. Enfin, sans référence externe, mais en pensant à mon dessin, je cite la définition mot à mot. Ma production écrite (schémas, tableaux, etc.) est réalisée une fois pour toutes. En vue d’un contrôle, il me suffit de réciter la théorie en m’appuyant sur mes dessins, ou schémas sans avoir relu.

Sites WEB: D’abord suivre les conseils précédents, ensuite envisager le WEB :  quelques sites WEB, toujours accompagner l’enfant, il doit réussir 75 à 80 % des activités pour rester motivé ! Rappel : D’abord la réussite, vient ensuite la motivation pour réussir. https://ressources.sesamath.net/matoumatheux/www/accueilniveaux/accueilFrance.htm
L’Attrape-Nombres – Un jeu qui enseigne l’arithmétique et combat la dyscalculie (attrape-nombres.com)
https://www.cartablefantastique.fr/Ressources/PoseDop%e9rations.
– Etc., taper des mots-clés dans un moteur de recherche.

Principes de base:

  • L’élève qui apprend les nombres et les opérations doit « les ‘’agir’’ avec ses doigts, les réaliser (rendre réel), les expliciter, les manipuler, les dessiner, les construire, les imager, les mentaliser, etc. », pour ce faire il doit avoir accès à tout le matériel souhaitable (marrons, réglettes, images, etc.), jouer, se mettre en situation.
  • Son corps constitue son 1er outil pour apprendre les nombres. Exemple : l’enfant se couche sur une grande feuille de dessin, bras et jambes écartés, une personne dessine le tour extérieur puis l’enfant dessine l’intérieur en respectant les mesures, les lieux. Il fait une translation. Ainsi, il mesure un œil (hauteur et largeur, donc en 2 dimensions et le dessine en le plaçant sur le visage. Il mesure donc des parties de son corps (3 dimensions) pour les placer dans son corps dessiné en 2 dimensions.
  • Compter sur les doigts (à tout âge, sans modération) : les doigts constituent un merveilleux outil pour apprendre les nombres, leur comptage et décomptage. TOUS les spécialistes actuels vous le démontreront. Ewald Velz dans son ouvrage « Initiation aux mathématiques par le bon usage des doigts » aux éditions Academia, 2020., le prouve à jamais tant sur le point théorique que pratique en offrant des méthodes éprouvées auprès d’élèves en difficultés.
  • La mathématique est un langage, donc un outil de communication. S’il n’y a rien à communiquer, il n’y a pas à mathématiser.

À éviter:

  • L’évaluation sommative dénature tout apprentissage puisqu’il le détourne d’un «mieux-être instruit pour ‘’soi grandir’’ » à un « plus avoir de points pour faire plaisir aux autres». Les points ne représentent qu’un nombre de questions réussies et trop souvent génèrent une pression qui fait peur, la peur ici n’est pas la bienvenue.

Au contraire de l’évaluation formative qui valorise les erreurs dans la démarche d’apprentissage, de maîtriser la matière étudiée, et surtout valorise la perception positive de ses compétences, de l’apprenant que l’enfant est.

  • La mémorisation de définitions s’avère très peu utile tant elles s’oublient très vite ! Les élèves le savent, ce qui les démotive à le faire, logique !
  • Éviter une situation présentée recto verso afin que l’enfant ait tout sous les yeux.
  • Tout d’abord éviter les doubles tâches.
  • Refaire des exercices (donc déjà résolus) stimule la mémoire plus que la réflexion dans la mesure où beaucoup d’apprenants tentent de se rappeler les solutions au lieu de procéder à une analyse. Cela ouvre la porte à « l’anti-compréhension » parce que le souvenir (bon ou mauvais) supplante le raisonnement.

REMARQUE pour les « passionnés » de bonne didactique : déjà, il y a 50 ans, Frédérique Papy tenait compte à sa manière des principes que vous venez de lire, nous n’avons rien inventé ! Voyez ci-dessous un extrait du manuel pour 2è primaire qu’elle a publié en 1971. Une didacticienne géniale.

Cette leçon fut donnée par Frédérique Papy le 11 mars 1969 à Bruxelles à des élèves de 2è primaire. La lettre « a » est le point de départ des mouvements qui suivent (flèches orientées). Déjà une initiation au calcul littéral ! Concept très dur à comprendre par les étudiants, et pourtant accessible facilement à 7 ans, grâce à cette pédagogue mathématicienne exceptionnelle.

Rappelons-nous : didactique positive + évaluation formative = pédagogie antidépressive. C’est mathématique!

L’équipe

Les MATHS à l’école? Ha la la, pffffffff, si malaimées! Il y a de quoi!

Partie 1, à savoir

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Comme à la radio

Ha ! La mathématique, son calcul, sa géométrie, trigonométrie, ses statistiques, etc., bref tant de domaines, parfois si différents les uns des autres ! La mathématique, un langage en soi qui peut apporter beaucoup de plaisir et qui dans nos écoles se voit tellement souvent crainte, imaginée comme inaccessible, associée à tant d’échecs, d’efforts vains, d’angoisses, de pleurs, pour les élèves, et d’argent trop souvent dépensé inutilement en leçons particulières.

Nous aborderons la mathématique à l’école en deux parties, la 1ère (cet article-ci) : ce qui est bon à savoir, la 2è (l’article suivant, à paraître) : quelques conseils pédagogiques, méthodologiques pour la « comprendre », résoudre des exercices, apprendre une démonstration, des propriétés, pour mémoriser des définitions, des formules. Et ce qu’il faut ne pas faire, éviter !

À savoir

Une des 1ères significations du mot mathématique d’après Le Robert historique de la langue française est « Apprendre par l’expérience, apprendre à connaître ». Il possède bien d’autres sens, mais celui-ci nous rappelle l’importance de l’expérience, de la manipulation pour apprendre à connaître.

Or, nos programmes scolaires en mathématiques sont mal adaptés aux ressources d’apprentissage des élèves. Tant en primaire qu’en secondaire, trop de matières, trop abstraites, trop tôt.

Son enseignement génère de très nombreux échecs, jusqu’à toucher régulièrement la majorité d’une classe, dans le secondaire.

En comparaison avec les autres pays européens, la quantité de matière de ce cours est globalement nettement plus élevée chez nous. En Belgique, les écoles flamandes offrent un programme mieux adapté à l’âge des apprenants.

La grande majorité des milliers d’élèves que nous avons rencontrés en consultation depuis plus de 30 ans se plaignent d’éprouver des difficultés pour apprendre la mathématique et ils ne sont pas fainéants !

Pourquoi « les maths » s’avèrent-elles si difficiles à apprendre, dans nos écoles ? Voici quelques raisons :

  1. Manque cruel de manipulation (ordonnée, orientée), de mises en situation, de l’utilisation de nos sens, le kinesthésique inclus (mouvements).
  2. Trop de sujets vus trop vite, cela devient vite du « bourrage forçage », peu de liens sont établis entre ces sujets, « À quoi tout ça me sert? ».
  3. Des méthodes de travail conséquentes à l‘enseignement subi, souvent frontal : donc axées sur le par cœur, la reproduction, le refaire.
  4. Un sentiment d’incompétence en math très envahissant.
  5. Très vite la matière ne peut plus être comprise si l’élève ne maîtrise pas les notions de base ou prérequises à ce qu’il étudie, quel que soit le domaine concerné.
  6. Une évaluation sommative négative qui amène l’élève à redouter tout contrôle ou examen, jusqu’à la panique. Sans compter la pédagogie des compétences qui aggrave la situation.
  7. DYS : les jeunes victimes de dysharmonie cognitive, dyslexie, dyspraxie, dysphasie, etc. se voient trop souvent pénalisées par leurs faiblesses, car la pédagogie est peu basée sur la manipulation, le concret, et trop sur la lecture, la mémoire. Voir : – Ce qui est utile et heureux de savoir au sujet de l’élève dit « dys »https://centredereussitescolaire.be/2020/02/04/ce-qui-est-utile-et-heureux-de-savoir-au-sujet-de-leleve-dit-dys/
  8. Dyscalculie : trouble d’apprentissage des nombres, du calcul qui offre de nombreuses causes dont la méthode de travail, une pédagogie inadéquate, des dys.
  9. La bosse des maths n’existe pas ! Grâce à l’imagerie médicale, Olivier Houdé, psychologue français, professeur de psychologie du développement à l’Université de Paris  (Houdé, O, 2006, pp 83, 84, « 10 leçons de psychologie et de pédagogie », Paris, PUF, Quadrige) constate entre autres que la bosse des mathématiques n’existe pas, pas plus qu’une bosse de la logique, que toutes les intelligences sont connectées, qu’il existe un lien intime dans notre cerveau entre logique, langage et émotion. La pratique pédagogique et les sciences cognitives s’accordent pour souligner l’importance d’une pédagogie de la réussite axée sur l’individualisation, l’expérimentation positive et l’évaluation continuée. Le plus souvent, les aides proposées par les écoles, les leçons particulières renforcent le sentiment d’incompétence de l’apprenant et la croyance erronée que ce cours est naturellement difficile et lié à une forme de supériorité intellectuelle. Il suffit de se penser incapable, d’éprouver un grand déplaisir face à un problème mathématique pour que notre intelligence émotive inhibe notre raisonnement.

La Belgique francophone avant le confinement comptait le plus de redoublements en secondaire, d’Europe, notamment à cause du mauvais enseignement de la mathématique. Les remédiations ou ateliers proposés par les écoles depuis quelques années, les évaluations centrées sur la dyscalculie, les leçons particulières, les aides logopédiques n’y changent rien, que du contraire, tout cela retarde la bonne remédiation, celle qui se base sur une évaluation telle que nous l’expliquons dans l’article : « Tout élève mérite une évaluation diagnostique des apprentissages, pluridisciplinaire. https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/deuxieme-article/ ».

Retenez bien qu’un élève qui vit l’échec en mathématique trop fréquemment depuis longtemps n’est pas en faute, il n’y a pas de faute. 8 fois sur 10 l’apprenant affiche des difficultés d’apprentissage pouvant expliquer cet échec systématique si pénible. Cet échec restera, sans approche globale. Pas de bosse de math, pas de nul en math !

Didier Bronselaer