
Ce sont plusieurs étudiant.e.s en secondaire rencontré.e.s en une ou deux semaines, se plaignant d’éprouver une angoisse ou une inquiétude envahissante la veille de contrôles ou d’examens, qui constituent le déclencheur de cette réflexion écrite, qui ne demandait d’ailleurs qu’à s’exprimer depuis longtemps.
Par clarté, nous définissons l’angoisse comme suit : « Affect de caractéristique négative où la personne éprouve un vécu de danger dont l’origine n’est pas consciente… », Dictionnaire International de la Psychanalyse, p 99, 2002, Calmann-lévy sous la direction d’Alain De Mijolla. L’inquiétude, définition littéraire de l’angoisse, est une absence de quiétude qui peut générer un état d’agitation, d’instabilité motrice ou psychique, un sentiment d’insatisfaction, constituer une source d’hyperactivité, de trouble de l’attention.
Exemples de plaintes : « Je ne sais pas appliquer la théorie, j’angoisse, peur de rater moi-même. » ; « Je stresse en sciences, en mathématiques, en langues, en sciences (répétées deux fois par l’élève) et en néerlandais, ça impacte mes réponses » ; « Il y a de très gros conflits entre moi et mes parents. Sa maman de répondre : Je suis très touchée par les réactions de ma fille, elle nous parle très agressivement, mais elle fait de son mieux ! » Ces étudiant.e.s qui nous ont motivés pour cet article travaillent beaucoup, n’ont pas ou peu l’expérience de l’échec; pour ces jeunes-là, une évaluation de leurs ressources d’apprentissage nous a montré qu’ils ou elles n’affichent pas de faiblesse qui pourrait justifier un sentiment d’incompétence, comme c’est régulièrement le cas. Et pourtant ils, elles souffrent de la peur de rater, leurs familles en sont tristes, se sentent impuissantes, leur enfant travaille et vit dans l’inquiétude.
Ce sentiment d’insécurité vécu par l’étudiant.e se voit régulièrement, mais pas toujours, alimenté en partie par le stress négatif qu’au moins un des parents vit, pas forcément consciemment, à son propre travail. Cedit parent n’est pas dans une position facile pour aider constructivement son enfant.
Comment les aider ?
Nous devons accepter de ne pas avoir prise sur « l’école », et que la famille constitue le filet de sécurité sur lequel la famille elle-même a prise. Nous vous décrivons ici comment sont aidées celles qui décident de consulter notre centre pluridisciplinaire indépendant qui a pour règle de base de répondre à la question double : qu’est-ce qui est le mieux pour l’apprenant qui nous consulte, sa famille, et pour l’apprenant en général ? –
- D’abord, écouter le jeune et sa famille, son histoire de vie.
- Ensuite, offrir l’occasion à cet apprenant, à ses parents, de mieux se ou le comprendre grâce à une évaluation diagnostique des apprentissages (https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/deuxieme-article/). Ce travail consiste en une thérapie brève permettant à l’élève, à ses proches, de mieux connaître ses ressources, de bien réaliser ses forces. Il ou elle en ressort rassuré.e sur le plan narcissique, ses parents le plus souvent, aussi.
- Peut s’en suivre alors une guidance à médiation psychopédagogique s’appuyant sur la métacognition (notion définie ici: https://centredereussitescolaire.be/2018/12/12/comprendre-par-soi-meme-malgre-lenseignement-frontal-2/) qui offre à l’apprenant l’expérience d’exploiter ses meilleures ressources, de se sentir réellement agir sur les situations d’apprentissage et par conséquent sur les situations d’évaluation. Dans le cadre de cette guidance, ces élèves vont aussi bénéficier de techniques portant sur la gestion de leur stress, comme le brain-gym, la méditation.
Rappelons que nous n’avons pas de prise sur l’évaluation scolaire (voir ci-dessous) telle que menée dans nos écoles ; cette évaluation-sanction provoque en général un grand sentiment d’insécurité envahissant qui entraîne chez de très nombreux élèves une impossibilité de trouver la quiétude en situation d’apprentissage scolaire. Les évaluations sommatives, certificatives, le CEB, le CE1D, CE2D, les examens de Noël et de juin, etc. sont pour les élèves, leurs parents et aussi certains enseignants, liés à l’inquiétude plus ou moins consciente, à la peur de rater.
Générer la peur de rater favorise l’inégalité puisque chacun se voit renvoyé à ses faiblesses, ses inhibitions. Dans notre enseignement secondaire, jamais autant de temps n’a été consacré à l’évaluation qui met des points et sanctionne l’apprenant, qui autorise ou pas le passage d’années et jamais aussi peu de temps n’a été consacré à enseigner les matières (évaluer n’est pas enseigner), notons de plus que les matières ont augmenté en quantité dans beaucoup de cours. Ça, c’est très inquiétant, voire angoissant, le taux élevé d’absentéisme des professeurs en est peut-être aussi une des conséquences. Tout le monde y perd. Ce sont surtout les familles qui veillent à la réussite scolaire de leur enfant qui « assurent » et qui nous rassurent.
L’équipe
(Les points peuvent parfaitement représenter une échelle de culpabilité relative, pour chaque personne. 2/10, QUOI, 2/10, t’as pas honte ! Le sujet est blâmé. La remarque écrite du professeur fort rouge et soulignée, « Tu n’as pas travaillé ! », le sujet est blâmé. « Je suis un nul, je n’y arriverai pas. », le sujet se blâme. Culpabilité maximum, personne pour l’aider à prendre des distances. Le sujet apprend à se soumettre, se punir, mais pas que lui, ses proches aussi, « que n’ai-je pas fait, qu’ai-je raté ? ». Le professeur selon son degré de résistance, de conscience, éprouve de la tristesse, ou de la colère, voire de l’ambivalence émotionnelle (il n’a que ce qu’il mérite – qu’ai-je mal fait ?).
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