Premier bulletin, premiers chagrins ? 15 jours pour s’en remettre ?!

Ces deux dernières semaines s’avèrent pires que l’année passée à cause de l’augmentation des gros contrôles portant sur des semaines de matières, pour certains jusqu’à trois évaluations « lourdes » sur une journée. C’est l’effet 15 jours de vacances avec son « remplir un bulletin » pour le remettre juste avant ces 2 semaines d’arrêt d’automne, histoire de les « pourrir » un peu, comme pour celles de Noël et de Pâques.

Cet article en deux parties veut rappeler la valeur peu constructive, voire négative, du bulletin, mais aussi des réflexions, des conseils, des méthodes de travail pour « corriger le tir », anticiper la façon d’interroger du professeur, s’(auto)évaluer.

1 LES EFFETS NUISIBLES

Rappel de 8 raisons scientifiques qui démontrent que l’évaluation sommative N’EST PAS VALABLE pour évaluer les connaissances ou maîtrises d’un sujet d’un élève, quel que  soit son âge. Voyez ou écoutez cette courte information : https://centredereussitescolaire.be/2022/06/07/voici-pourquoi-les-examens-evaluent-mal-les-apprentissages-scolaires-informations-conseils-bien-utiles-pour-les-parents-et-leurs-enfants/

Bulletin-chagrin

Chaque évaluation sommative constitue une « sanction » qui remet en jeu potentiellement le sentiment de réussite scolaire de l’apprenant, donc, que dire du bulletin qui les stigmatise ? Sa définition théorique : « Rapport périodique des enseignants et de l’administration concernant le travail et la conduite d’un élève. » Ce petit rappel pour que vous réalisiez à quel point cette définition n’est que théorique ; le bulletin dans notre réalité belge francophone se résume la plupart du temps en une suite de notes qui sanctionnent ou récompensent (nombres, lettres, peu importe) l’élève indépendamment du travail réellement réalisé.

Efforts fournis ? Pas repris !

Que de fois ne voyons-nous pas en consultation des élèves très courageux et très découragés, fournissant bien plus d’efforts que la moyenne, en échec, et se sentant non reconnus dans leur travail. Pas de véritable prix de l’effort ! Clin d’œil : « Pas de bras, pas de chocolat ; pas de bons points, pas de compliments ! »

Explications pertinentes des résultats insuffisants ? Pas reprise

Trop souvent, les remarques des professeurs (surtout en secondaire) se contentent de traduire en mots la note qu’ils ont attribuée (8/20, faible, manque de travail !), peu de propositions pertinentes. N’oublions pas qu’ils sont responsables au ¾ de l’efficacité de leur enseignement ! (Lire : https://centredereussitescolaire.be/2021/10/13/leleve-aide-son-professeur-a-laider-un-duo-gagnant/)

Effets de la pandémie encore présents, même un an plus tard !

La grande majorité des élèves de la maternelle au secondaire inclus (cet article ne concerne pas directement le supérieur) ont été empêchés d’étudier correctement depuis mars 2020, des effets négatifs de ces mauvaises conditions persistent. Aujourd’hui nous recevons en consultation des enfants qui étaient en 1ère primaire, en 1ère secondaire en mars 2020. Ils sont victimes, surtout les enfants qui commençaient à apprendre à lire, écrire et calculer, de difficultés d’apprentissage qui trouvent en grande partie leurs causes dans une mauvaise installation :

  • Pour les plus jeunes de l’installation des bases : lecture, écriture, calcul, rythme d’apprentissage, règles sociales,
  • Pour ceux qui commençaient les secondaires : liens sociaux, rénovation de la méthode de travail, programme scolaire.

À l’heure actuelle, les enseignants de 3è secondaire dénient le non-enseignement dont ont été victimes leurs élèves. Ils font pour la plupart comme avant, comme s’il ne s’était rien passé. Chacun pour soi, chaque élève étant prié d’avaler le même programme, sachant que le taux d’absentéisme professoral très élevé empire la situation pour les élèves et pour les enseignants, ceux du primaire particulièrement, il faut bien s’occuper des élèves sans professeur.

Retenons

  • Déjà, bien avant le confinement de mars 2020 rappelons-nous : notre école secondaire engendrait le plus de redoublements d’Europe ; les décrochages scolaires et l’absentéisme professoral étaient au plus haut, et le restent !
  • À la suite des décisions prises pour lutter contre la Covid-19, les enfants et adolescents souffrent encore aujourd’hui  :

  D’un manque dramatique d’encadrement scolaire.

  Du manque préjudiciable d’activités sociales d’alors.

  Du manque handicapant d’activités physiques d’alors.

  D’un environnement familial, sociétal soumis à des tensions inattendues, traumatisantes à l’époque auxquels s’ajoutent les problèmes actuels, tout aussi imprévisibles : crise de l’énergie, crise dans la qualité l’investissement .professionnel qui affecte les parents soucieux de plus de bonheur professionnel.

  • Un exemple parmi bien d’autres :Les enfants qui ont commencé leur 1ère primaire en 2019, OU en 2020 ont été privés de cours, d’entraînements, ils ont dû supporter une institutrice masquée qui leur a enseigné la lecture, le calcul, etc. Pourtant nous constatons que le programme n’a pas été adapté de façon concertée à ces mauvaises conditions.,Il suffit d’écouter les autorités parler de « rattraper le retard », c’est une mauvaise illusion, c’est courir après le train !

2 LES PROPOSITIONS ET CONSEILS CONSTRUCTIFS

Premiers conseils ou réflexions

  • La première victime d’un échec est le jeune apprenant. Il a besoin d’être compris, de se sentir aideé dans la réaction à avoir pour résoudre ce problème. Rappelons que plus de 85% des élèves qui rencontrent des échecs importants sont victimes de difficultés liées à leur développement cognitif, à leur maîtrise du langage écrit (lecture, écriture, orthographe), ou de leurs mémoires (court, moyen, long terme, mémoires de travail). L’un n’empêche pas l’autre !
  • Il importe d’analyser la production de l’élève, faire le lien entre le type de questions et la façon dont l’élève a étudié la matière. Pensez à conserver une copie, vous constituez ainsi un capital de questions sur lequel le jeune peut s’appuyer pour revoir le cours, pour améliorer sa méthode de travail (voir le point suivant).
  • Si l’élève, ses proches ne comprennent pas pourquoi ça ne va pas, il est difficile d’agir.
  • Les remédiations ou ateliers proposés au sein de l’école, les écoles de devoir, le coaching scolaire ne constituent PAS une approche diagnostique.
  • En commençant par ce type d’aide, nous postposons le bilan professionnel que mérite tout élève en réelle difficulté, et de ce fait nous renforçons le nœud du problème.
  • Seul un examen diagnostique pluri et transdisciplinaire des apprentissages constitue une vraie approche compréhensive ET valable pour proposer d’éventuels conseils, remédiations, aides, à court, moyen et long terme. Seules des équipes composées par des professionnels formés au niveau supérieur, universitaire offrent ce service.

Propositions éprouvées professionnellement pour comprendre ET aider l’élève en difficulté, ou pas, destinée aux parents et enseignants :

  1. Voir les courtes vidéos https://centredereussitescolaire.be/videos/
  2. Et lire l’article https://centredereussitescolaire.be/2019/11/10/symptomes-et-difficultes-dapprentissage-scolaires/
  3. Consulter la septantaine d’articles courts et professionnels classés par ordre alphabétique

Une méthode éprouvée : Élaborer soi-même un questionnaire

Comment faire ?

Face à un texte, avec ou sans illustrations :

  1. Je lis le premier paragraphe pour formuler par écrit les questions possibles dont la ou les réponses constituent l’essentiel du paragraphe.
  2. Je dis la réponse in texto (telle qu’écrite dans le texte), si possible, je me la représente mentalement, puis sans regarder, la récite.
  3. J’écris la question, pas la réponse, puisqu’elle se trouve dans le texte, mais en marge de celle-ci, je marque le numéro de sa question pour la retrouver facilement. Je dois pouvoir me mettre en situation d’interrogation sans aide sous les yeux, ne fût-ce qu’une seconde !
  4. Ensuite, je passe au paragraphe suivant et reproduis cette démarche.
  5. Pour revoir, il me suffit de m’interroger grâce à mon questionnaire, sans avoir relu, même si je n’ai plus vu cette matière depuis des semaines. L’important consiste à essayer de se souvenir.

Quelques avantages reconnus

  • Je lis directement dans un but précis.
  • Je suis amené à comprendre la matière.
  • Je peux immédiatement mémoriser la réponse sans l’écrire. Dans le texte, je mets le numéro de la question en face de sa réponse.
  • J’imagine les questions que mon professeur peut poser, je pratique l’anticipation et la décentration (activités métacognitives).
  • Je maîtrise la matière progressivement.
  • S’autoévaluer devient plus facile, mon questionnaire me simplifie la révision du cours. Il me suffit de m’interroger sans avoir relu (même si je pense avoir beaucoup oublié) pour ensuite vérifier et compléter ma mémoire.
  • Cette activité rend ma lecture plus efficace, elle la guide (cela facilite également la tâche des « mauvais lecteurs »).
  • Je prépare en même temps mes révisions.

Évidemment, cette démarche s’apprend. Les enfants (surtout en primaire et début secondaire) doivent dans un premier temps être accompagnés pour ce faire, mais ce sont eux qui lisent et tentent de construire les questions. Bien sûr au contrôle, le professeur peut en poser d’autres, ou même se montrer imprévisible, l’essentiel est que cette activité entraîne une lecture où l’apprenant agit sur la matière. Il prend le rôle du questionneur. Celui qui explique comprend, retient bien mieux le contenu explicité que celui qui l’écoute, ou le lit, sans plus.

Rappelons une fois de plus que l’évaluation sommative (et donc la plupart des bulletins) comme pratiquée dans nos écoles contrevient à l’élaboration d’une pédagogie collaborative . 

Évitons d’accuser un élève d’incompétence sans avoir lu cet article : https://centredereussitescolaire.be/2019/03/03/soyons-justes-quand-nous-accusons-un-eleve-dincompetence/

Si vous avez une question qui vous préoccupe et si elle concerne les apprentissages, l’école, vous pourrez trouver des réponses (accès gratuit), en cliquant sur https://centredereussitescolaire.be/2020/02/24/plusde50-reponses-professionnelles-developpees-a-partir-des-questions-qui-nous-sont-posees-depuis-30-ans/