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Voici comment élaborer une première réponse compréhensive à la question :
« Mon enfant est-il « DYS » » ou proche du décrochage scolaire ? »
« Et cette maladie qu’était l’amour de Swann avait tellement multiplié, il était si étroitement mêlé à toutes les habitudes de Swann, à tous ses actes, à sa pensée, à sa santé, à son sommeil, à sa vie, même à ce qu’il désirait après sa mort, il ne faisait tellement plus qu’un avec lui, qu’on n’aurait pas pu l’arracher de lui sans le détruire lui-même à peu près tout entier : comme on dit en chirurgie, son amour n’est plus opérable. » (Marcel Proust, page 359[1]).
Marcel Proust exprime merveilleusement les effets d’un « trouble affectif », ici amoureux sur toute la personne. Cette fois, imaginons par analogie les effets d’un trouble d’apprentissage spécifique (TAS) ou d’une grande force cognitive, sur le développement psychologique, affectif et cognitif d’un apprenant ; il se construit avec ses forces et faiblesses, il réussit plus ou moins à les apprivoiser. Mais ôtons-nous l’idée de lui (faire) enlever une telle faiblesse, un tel déficit comme on retire une partie ratée d’un ensemble. Un trouble d’apprentissage spécifique est lié par essence au développement biologique du jeune, comme un déficit de l’attention, de la lecture, de la structuration spatiale, de l’écriture, du raisonnement verbal, etc.. Il perturbe l’enfant dans tout son épanouissement ; lui et ses parents ne sont donc pas responsables des causes de ces déficits, mais bien de leurs conséquences. La victime les assume depuis le début. Les personnes qui en sont victimes en souffrent doivent bénéficier d’une remédiation, comme il en va pour la myopie par exemple.
« L’école classique » exige de ces apprenants victimes d’un TAS, d’une « dys », d’emmagasiner, de maîtriser le même programme, sur une même période et à travers la même didactique à peu de chose près que ses condisciples. C’est totalement impossible à réaliser !
Et le beau texte de Proust, de donner ceci :
« Et ce TAS qu’était la dyslexie d’« Apprenant » avait tellement multiplié, il était si étroitement mêlé à toutes les habitudes d’« Apprenant », à tous ses actes, à sa pensée, à sa santé, à son sommeil, à sa vie, même à ce qu’il désirait après sa mort, il ne faisait tellement plus qu’un avec ce TAS, qu’on n’aurait pas pu l’arracher de lui sans le détruire lui-même à peu près tout entier : comme on dit en chirurgie, son TAS n’est pas opérable. »
Voici comment se faire une première idée de l’importance des difficultés rencontrées par son enfant, dans sa vie d’élève, dans sa réussite scolaire.
Une série d’indices de décrochage situés à plusieurs niveaux (cette liste se veut non exhaustive) vous sont proposés, ci-dessous. Considérez-les comme des données exprimant la détresse d’une personne. Le terme d’indice est pris dans son sens de « signe apparent qui indique avec probabilité ». Le but est d’analyser les indices selon leur nature, fréquence ou répétition. L’avis de chacun est nécessaire.
L’idée consiste à passer les 9 points ci-dessous en revue avec le jeune, ses parents le font chacun de leur côté.
Entourer un point dès qu’il est associé à du négatif, le compléter si nécessaire.
1. Les difficultés de comportement :
– de type introverti : « Il est trop renfermé. Il est très discret. »
– de type extraverti : « Cette élève n’arrête pas de bouger. Le lundi matin, il est difficile, il se met en retard pour l’école. Ce jeune sabote les cours.»
2. Les faiblesses instrumentales ou cognitives :
– psychomotrices, « Ce petit est tellement maladroit ! Il ne connaît pas sa gauche de sa droite. »
– de l’attention concentration, « Il ne sait pas rester assis à son bureau. C’est une rêveuse. »
– du langage oral, « Elle construit mal ses phrases. »
– du langage écrit, « J’écris très mal. Mon enfant fait plein de fautes. Tu ne sais pas lire. »
– de la mathématique, « Je suis nul en math. Il calcule mal. »
– de certains cours, « Cet enfant a toujours été faible en langues. Tous les ans il est en échec en français. »
– de la façon d’étudier, « Elle n’a aucune méthode. Il met un temps fou pour faire ses devoirs. Cet élève ne retient rien ! »
– du raisonnement, « Il a tant de difficulté à comprendre. Elle a toujours été lente pour apprendre ses leçons. Je dois tout lui expliquer plusieurs fois ! »
3. Le redoublement :
– de la 3ème maternelle, de la 1ère primaire « Ainsi, il pourra repartir de zéro. », « Cette petite a encore trop besoin de jouer. »
– malgré le redoublement, ça ne va pas mieux ;
– avoir deux ans de retard ;
– recommencer deux années en suivant, la même année scolaire, ou deux fois en trois ans.
4. L’absentéisme : Analyser les absences selon leur fréquence, les moments de la journée, de la semaine, voire de l’année est souvent révélateur.
5. Le mal-être physique : Une fatigue excessive, une chute de tension, des maux de tête, maux de ventre, crises de larmes ; ces symptômes peuvent avoir lieu le matin avant d’aller à l’école ou le soir.
6. Le changement d’école, de région, de pays.
7. Les changements familiaux :
– la naissance d’un frère ou d’une sœur ou un frère qui quitte la maison ;
– des désaccords entre les parents (disputes, séparation), une recomposition familiale (nouveaux demi-frères et sœurs, nouveau beau-père ou belle-mère) ;
– un parent qui perd son emploi ;
– un parent qui commence un nouvel emploi.
8. La santé des proches :_____________________________________________________________
– un parent gravement malade ou handicapé ;
– un décès.
9. Autre :_________________________________________________________________________
Le ministère de l’Éducation du Québec (1983) propose une analyse semblable qui utilise de nombreux indicateurs, notamment les caractéristiques familiales, le sentiment d’isolement, les projets scolaires de l’élève, la confiance en soi, l’absentéisme, la qualité des relations avec les enseignants.
Conclusion
Attendre et voir si le problème se résout tout seul constitue une des grandes causes des décrochages scolaires. Il arrive trop souvent que plusieurs années s’écoulent entre les premières difficultés non analysées, non perçues et le décrochage scolaire conséquent. Les sources apparaissent fréquemment dès la maternelle et même plus tôt (retard du développement psychomoteur, troubles auditifs, etc.).
Il n’y a pas de solution toute faite, d’où l’importance de l’examen diagnostique des apprentissages pluri et transdisciplinaire ; il s’agit avant tout de bien comprendre les ressources d’apprentissage du jeune, pour les valoriser.
« Une aide ne peut pas lui faire de tort !» est un leurre psychologique et pédagogique. Non adéquate, une remédiation risque de dégoûter le jeune des propositions futures, dont les bonnes solutions.
Librement sur notre site WEB :
https://centredereussitescolaire.be/2018/10/12/lorientation-scolaire-et-son-incertitude/
https://centredereussitescolaire.be/2019/04/28/prevenir-le-decrochage-scolaire/
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[1] Proust, M., (1954), Du côté de chez Swann, Gallimard, Folio.