Le cerveau et les apprentissages

Le pédagogue qui base son approche sur le respect des caractéristiques d’apprentissage d’un élève et aussi ses ressources cognitives trouve dans ce livre de nombreuses explications qui illuminent et justifient son travail.

Tant les thérapeutes que les enseignants peuvent puiser dans ce livre-ressource les liens entre leur méthodologie et la théorie que nous offrent les sciences cognitives.

85 % des élèves qui nous consultent et qui éprouvent d’importantes difficultés d’apprentissage ont des caractéristiques cognitives ou instrumentales (outils bien utiles pour étudier comme la lecture) qui peuvent expliquer au moins en bonne partie leurs difficultés, leurs échecs. Ces jeunes sont tous dans l’enseignement « classique ». Ce livre nous aide à les comprendre (ces élèves, leurs difficultés et leurs sources neurologiques). Exemples de sujets abordés : la métacognition, la vitesse d’exécution, l’attention, le comptage, la lecture, et de thèmes qui nous sont parfois familiers : les sciences cognitives et les sciences de l’éducation, troubles d’apprentissage et difficultés scolaires, (matières qui nous absorbe depuis toujours), etc.

Les auteurs, nombreux pour cette publication, nous proposent aussi des « pistes pratiques ou pédagogiques » comme mentaliser un geste avant de l’effectuer (p. 244), des conseils pour gérer l’attention (P. 255), et puis des « zooms » sur des points précis comme « Dans la tête d’un bébé qui fait des maths » (p. 97), etc.

Les parents y trouveront aussi des informations bien utiles, car n’oublions pas qu’un apprenant victime d’un trouble spécifique des apprentissages est par définition NON responsable des causes de ses difficultés et donc ni lui ni ses proches NE sont à CULPABILISER, leurs enseignants non plus ! Et ce n’est pas la faute au cerveau.

On entend parler de plus en plus de neuroéducation, de neuropédagogie, mais nous préférons comme certains auteurs de cet ouvrage simplement parler de pédagogie, les domaines que recouvrent ces nouveaux termes se retrouvent aussi expliqués ici.

Ne cloisonnons pas la compréhension globale des caractéristiques d’apprentissage ou la pédagogie, nous enseigne, au moins implicitement, ce riche ouvrage !

Didier Bronselaer

Le cerveau et les apprentissages – Édition 2018
Auteurs : G. Borst, O. Houdé
Éditions : Nathan, Collection : Les repères pédagogiques
Parution : Septembre 2018

 

 

L’orientation scolaire et son incertitude

Plutôt que de répondre aux questions légitimes de l’élève et de ses parents, « quelle orientation prendre, qu’est-ce qui est le mieux, pour quel métier, quel domaine est-il fait ? », en tant que professionnels pensant transdisciplinarité, nous vous proposons d’aborder l’orientation scolaire sous un autre grand-angle.

Quelle est l’histoire de vie de cet apprenant qui nous consulte avec ses parents (vie intra-utérine, naissance, petite enfance, fratrie, parentalité, santé, événements marquants, etc.) ? Quelles sont ses caractéristiques d’apprentissage, ses ressources cognitives et instrumentales (lecture, orthographe, écriture, méthode de travail, concentration, etc.) ? Quel est son vécu scolaire, quelles expériences de la réussite possède-t-il (une activité extrascolaire aimée et le mettant en valeur importe autant que sa réussite scolaire) ? Quelles sont les attentes de ses parents dans un sens très large ?

Ces questions non exhaustives constituent le préalable pour toute orientation scolaire que l’apprenant soit en maternelle, primaire, secondaire ou supérieur. Ensuite selon son âge, nous envisageons ses goûts, et ce qu’offre la structure scolaire, maintenant, au moment de la consultation.

Nous proposons alors des solutions totalement individualisées lors d’un entretien familial d’une heure et dans un rapport écrit très complet. Une telle démarche apporte aussi une explication sur les causes éventuelles de problèmes scolaires, ou d’apprentissage. Il s’agit d’offrir en plus les garanties d’une psychothérapie brève1, car on touche au plus profond de la personnalité de l’élève et de sa représentation auprès de ses proches.

Un tel travail exige minimum 9h pour l’équipe qui est pluridisciplinaire, plus de la moitié se déroule en présence de l’élève (environ 4h), de sa famille (2h). Certes, une partie des tests peut avoir été faite, c’est régulièrement le cas pour les élèves victimes de troubles d’apprentissage, c’est du temps gagné.

Le coût d’une telle approche se monte environ à 60 euros (honoraires moyens d’un professionnel) fois 9, au minimum, soit 540 euros. Ce coût sera plus ou moins assumé par la famille de toute façon, qu’elle passe par un centre de guidance, un hôpital, un centre PMS, un centre pluridisciplinaire privé, il faut payer les professionnels. Les mutuelles interviennent modérément.

Le prix d’une mauvaise orientation, celle qui amène trop souvent au redoublement scolaire, se monte au moins à 30 000 ou 40 000 euros à court, moyen et long terme ; l’élève est un an de plus à la maison, à l’école, notez que s’il est en supérieur cela peut coûter 10 mois de loyer en plus, sans oublier l’année de travail qu’il n’aura peut-être pas exécutée (pas de taxes, ni de charges sociales, ni d’impôts, pour l’état, et moins d’argent pour l’économie en général et pour l’apprenant en particulier) du coup.

Toutefois, pour nous la sanction principale d’une mauvaise orientation scolaire est la blessure narcissique, psychologique que l’élève et ses proches subissent.

Nous pensons que c’est la famille, le jeune, qui doivent faire cette démarche importante, qu’est une orientation scolaire. Penser que c’est l’autre (l’école, les institutions subventionnées) qui doit l’assurer est une mauvaise illusion.

L’avenir est une incertitude, plus l’élève et ses proches auront une représentation riche et convergente des caractéristiques de cedit apprenant, plus la voie empruntée lui conviendra, lui apportera de la réussite, donc du plaisir, donc de la motivation. Réussir les tâches scolaires en sentant que c’est bien soi qui progresse, qui les maîtrise de mieux en mieux, c’est apprendre à dompter l’incertitude en soi, en faire une compagne.Ce n’est pas vers où aller qui importe ici, mais bien aller.

Comme je chemine, je me découvre, comme je me découvre, je m’oriente selon mes réussites, mes plaisirs, mes forces, mes envies et mes contextes de vie.

L’équipe

1. Cela signifie que l’élève et ses parents bénéficient d’un cadre professionnel assurant un processus basé sur des épreuves scientifiquement validées et fidélisées ; la dynamique intersubjective est assurée par des thérapeutes dont les diplômes sont reconnus légalement (logopédie, psychologie, psychopédagogie) ; le cadre est validé, fidélisé, confidentiel, et délimité dans le temps.

Une évaluation ratée ? Je réagis positivement, j’adapte ma méthode de travail, j’utilise le questionnement

Les examens constituent une évaluation « sanction »qui remet en jeu la réussite de toute une année. L’élève a tout intérêt à demander une copie de tous les examens sur lesquels il veut se pencher pour améliorer l’étude de la matière, réaliser les erreurs commises, analyser la façon d’interroger du professeur. Tous les élèves du secondaire ont ce droit et doivent en profiter.

(http://www.enseignons.be/2014/06/29/obtenir-une-copie-de-ses-examens-est-un-droit/).

Trop souvent, les questions d’examens sont rendues plus compliquées à résoudre, et même renvoient à un mode de résolution que l’enseignant n’a pas enseigné.

Comment préparer une telle évaluation, comment anticiper la manière de questionner du professeur ? En amenant l’étudiant à élaborer un questionnaire tenant compte de la façon de faire de l’enseignant du cours étudié.

Voici une méthode validée pour le primaire, le secondaire et le supérieur(in Bronselaer, D., 2010, « Réussir à l’école. Guide psychopédagogique destiné aux élèves du primaire et du secondaire, à leurs parents et aux professionnels », Averbode, Labor Éducation, D2H.).

Élaborer soi-même un questionnaire

Comment faire ?

Face à un texte, avec ou sans illustrations :

  • Je lis le premier paragraphe pour formuler par écrit les questions possibles dont la ou les réponses constituent l’essentiel du paragraphe.
  • Je dis la réponse in texto (telle qu’écrite dans le texte), si possible je me la représente mentalement, puis sans regarder, la récite.
  • J’écris la question, pas la réponse, puisqu’elle se trouve dans le texte, mais en marge de celle-ci, je marque le numéro de sa question pour la retrouver facilement. Je dois pouvoir me mettre en situation d’interrogation sans aide sous les yeux, ne fût-ce qu’une seconde !
  • Ensuite, je passe au paragraphe suivant et reproduis cette démarche.

 Pour revoir, il me suffit de m’interroger grâce à mon questionnaire, sans avoir relu, même si je n’ai plus vu cette matière depuis des semaines. L’important consiste à essayer de se souvenir.

 Quelques avantages reconnus

  • Je lis directement dans un but précis.
  • Je suis amené à comprendre la matière.
  • Je peux immédiatement mémoriser la réponse sans l’écrire. Dans le texte, je mets le numéro de la question en face de sa réponse.
  • J’imagine les questions que mon professeur peut poser, je pratique l’anticipation et la décentration (activités métacognitives).
  • Je maîtrise la matière progressivement.
  • S’autoévaluer devient plus facile, mon questionnaire me simplifie la révision du cours. Il me suffit de m’interroger sans avoir relu (même si je pense avoir beaucoup oublié) pour ensuite vérifier et compléter ma mémoire.
  • Cette activité rend ma lecture plus efficace, elle la guide (cela facilite également la tâche des « mauvais lecteurs »).
  • Je prépare en même temps mes révisions.

Évidemment, cette démarche s’apprend. Les enfants (surtout en primaire et début secondaire) doivent dans un premier temps être accompagnés pour ce faire, mais ce sont eux qui lisent et tentent de construire les questions. Bien sûr au contrôle, le professeur peut en poser d’autres, ou même se montrer imprévisible, l’essentiel est que cette activité entraîne une lecture où l’apprenant agit sur la matière. Il prend le rôle du questionneur.

Capture d’écran 2018-10-12 à 15.06.42

 

L’équipe

 

On ne demande pas à un élève, encore et encore, ce qu’il ne peut pas donner !

Une évaluation scolaire qu’elle soit sommative, certificative ou formative ne s’avère jamais suffisante pour qui souhaite comprendre en profondeur un élève en difficulté.

Les examens, notamment de juin et de Noël, tels qu’ils sont conçus en Belgique francophone, concentrent de nombreux obstacles qui peuvent pénaliser l’élève à bien des niveaux. Nous habitons une des seules régions d’Europe, de Francophonie, à mettre ses élèves, dès les primaires, dans des conditions d’évaluation battues en brèche par le monde scientifique. Nous parlons ici des examens tels qu’ils sont imposés deux à trois fois par an dans la grande majorité des écoles. Toutefois, un début de remise en question se fait jour, pas toujours dans le sens de permettre au jeune de montrer ses compétences dans de bonnes conditions.

Grâce « au pire », nous avons relevé un ensemble d’éléments, de facteurs indépendants de l’apprenant qui peuvent l’empêcher de profiter pleinement de son travail, de ses efforts, de son intelligence et aussi du bon enseignement dont il a bénéficié. Tous les éléments relevés ci-dessous peuvent constituer des facteurs de mauvais stress, ou d’échecs :

Sur le plan éducatif et pédagogique, il convient donc d’être sensible aux ressentis des élèves et aux situations qui peuvent induire un blocage, un mauvais stress ». Le mauvais stress amène le cerveau à générer du cortisol, une hormone qui inhibe les capacités de mémorisation (Samier, R et Jacques, S, p. 19, Livret gratuit notamment à l’usage des enseignants.

https://orthophonielibre.files.wordpress.com/2016/08/livret-pedagogie-neuropsychologie-v201608.pdf).
  • Une évaluation « sanction »,discriminatoire, qui peut remettre en jeu la réussite de toute une année est paralysante pour plus d’un. Le fait qu’elle soit récurrente n’entraîne pas les élèves à la réussir, au contraire ! À ma connaissance, les étudiants fréquentant les écoles supérieures francophones belges n’ayant pas suivi le cursus des écoles secondaires « classiques » belges y réussissent au moins aussi bien, quel que soit le niveau.
  • Dès que l’évaluation sommative devient un rapport agressif entre deux personnes, l’une des deux sinon les deux se sent(ent) incomprise(s). « Tu n’as pas étudié ! Si ! Non ! », « Si tu ne t’améliores pas, tu vas doubler ! Tu es un fainéant », etc.
  • Un apprenant qui a réussi à développer une méthode de travail efficace pendant l’année, face à un examen, peut reprendre d’anciennes habitudes et ainsi régresser. La peur de rater, de décevoir, telle une vague incoercible, envahit la pensée.
  • Soumettre l’élève dès les primaires à de nombreuses périodes « d’évaluation sanction »,périodes comprenant jusqu’à trois examens par jour pouvant s’étaler sur plusieurs heures est la garantie de produire de nombreux échecs ! Cette façon d’évaluer voit un maximum d’enfants vivre de mauvaises expériences jusqu’à, pour certains, installer un réel sentiment d’insécurité qui risque de les paralyser devant tout enjeu vécu comme important, et ce pour de nombreuses années.
  • Les questions ne concernent pas toujours des matières enseignées, de plus les professeurs présentent régulièrement de nouvelles façons de questionner.
  • L’absence du professeur lors du contrôle, de l’examen, rend la situation plus difficile, les élèves se sentent seuls, renvoyés à leurs questions souvent justifiées. Ce type d’absence semble de plus en plus fréquent. Cela n’apporte rien au bon enseignement d’un cours, à son bon apprentissage, et encore moins à la complicité positive nécessaire entre élèves et professeurs.
  • Le stress négatif. Certains enseignants voyant la fin du trimestre ou de l’année arriver se sentent obligés de donner un surplus de matière en un temps record. L’élève n’a pas le temps de la digérer. Non contents de cela, ils la mettent au programme des examens et la privilégient dans les questions posées. Ce stress négatif touche l’enseignant aussi, malheureusement aux dépens des apprenants et de son propre enseignement.
  • L’enjeu, c’est beaucoup de points à perdre ou à gagner.
  • L’optimisme, c’est croire que les examens vont rattraper des échecs importants.
  • Les élèves de l’enseignement professionnel y sont soumis eux aussi !Dieu sait s’ils ne le méritent pas, ayant le plus souffert des effets néfastes des échecs à répétition.
  • Être victime d’un développement cognitif dysharmonique, ou de troubles d’apprentissage, c’est-à-dire des aptitudes et compétences se distribuant en dents de scie et où les creux concernent les ressources les plus nécessaires à l’étude des examens, comme posséder une mémoire verbale ou spatiale faible.
  • Produire une lecture lente, peu rentable ou avoir une vitesse de traitement de l’information trop lente ne peut être « déconnecté », juste pour l’occasion. Saviez-vous que les étudiants français, victimes de troubles en lecture peuvent bénéficier d’un temps supplémentaire pour répondre au baccalauréat et que les Belges qui passent leur permis de conduire, victimes de mêmes troubles ont également ce droit-là ?
  • Il en est de même pour les victimes d’un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
  • Au mauvais moment? Les examens se situent presque toujours à des périodes de l’année où l’élève a accumulé beaucoup de fatigue, notamment en juin ou en fin de trimestre, la veille de longues vacances. Dans la majorité des écoles belges francophones, le temps passé aux révisions (une à deux semaines), la durée des examens (une à deux semaines), sans compter les conseils de classe (plusieurs jours), constituent l’équivalent d’un mois où l’élève ne bénéficie pas d’un enseignement lui laissant le temps d’apprendre les matières sereinement.

Les allergies au pollen ? C’est au mois de juin. Les internationaux de tennis à Roland Garos symbolisent bien le nombre de manifestations distrayantes organisées à cette époque de l’année ! Il est vrai que les écoliers français ne « bénéficient » pas de telles situations d’évaluation.

 L’équipe                                                                                                                                                                   

Avant d’être réorienté ou de doubler, tout élève mérite une évaluation diagnostique des apprentissages pluridisciplinaire

Quelques raisons à cette affirmation :

Depuis quelques années, nous constatons un accroissement important d’étudiants qui recommencent la dernière année du secondaire, parfois même deux fois, alors que la réussite de l’année précédente, la 5ème, ne permettait pas au jeune et à sa famille d’envisager un tel échec. Cette constatation s’étend à la 3ème, 4èmeet 5èmesecondaire. Cette impression est confirmée par ailleurs : les statistiques de l’année scolaire 2011-2012 attestent que la Belgique francophone affiche le taux de redoublement des élèves en secondaire le plus élevé d’Europe (in « Faits et Gestes » trimestriel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 4è trimestre 2013), ce qui était déjà le cas à l’enquête PISA 2009 pour nos élèves de 15 ans.

Recommencer à zéro, voilà bien une réflexion socioculturelle qui dénie l’évolution de l’élève sur le plan du physique, de l’affectif, du cognitif, des acquis dont les acquis scolaires. En obligeant une année supplémentaire sans tenir compte de tous les bénéfices, et acquis de l’année écoulée, le système scolaire conteste l’évolution du jeune et ses propres apports !

Les élèves d’une classe ont appris à se connaître, s’accepter et même s’apprécier. Avant de toucher à l’intégrité d’un apprenant, veillons à bien comprendre et évaluer la situation, les études démontrent qu’un tel échec blesse l’amour propre du doubleur, qu’il favorise aussi une mauvaise image de lui auprès de ses condisciples, et que doubler peut être également un indicateur de décrochage scolaire futur.

Plus de 85% des bisseurs sont victimes de difficultés d’apprentissage sur fond de faiblesses intellectuelles, instrumentales (lecture, mémoire de travail, vitesse de traitement, etc.), qui peuvent en partie au moins expliquer leur dérive. L’utilité de recommencer une année scolaire est aléatoire si les causes de cet échec n’ont pas été mises clairement en évidence.

Dans la grande majorité des casque nous rencontrons en consultation,le doublement n’était pas indiqué, une remédiation adaptée ou / et une réorientation dans une autre option ou section aurait été nettement plus adéquate. Cette conclusion se base sur l’évaluation diagnostique transdisciplinaire des apprentissages (voir plus le 1erarticle ci-dessous) que nous menons depuis plus de 20 ans.

Quelques constatations vieilles de 23 ans reprises d’une publication des Communautés européennes (1994, point C du chapitre Synthèse et perspectives) étaient tout à fait nos propos.

 « – Les effets négatifs du redoublement surpassent largement les bénéfices qu’on peut en attendre.

– Inefficace, le redoublement est souvent aussi le résultat d’une décision subjective de l’enseignant.

– Le redoublement affecte la confiance qu’a l’élève en ses capacités d’apprentissage.

– Le redoublement est le plus souvent préjudiciable au développement de l’enfant, mais la promotion automatique ne résout pas pour autant tous les problèmes. »

Un élève qui doit recommencer son année doit y être préparé, sinon il peut se sentir pris dans un système qu’il verrait comme indépendant de lui, sur lequel il ne peut agir, ce qui risque alors de le cantonner dans une position passive, régressive, voire dépressive.

Comment l’y aider : analyser avec lui les copies de ses examens (il faut les demander rapidement, les écoles doivent alors les fournir, nous ne parlons pas ici des examens externes comme le CE1D, mais ceux de Noël et de juin), anticiper la rentrée sur les plans psychologiques, pédagogiques et systémiques, etc.

 Un doublement peut être bénéfique si l’élève a été bien comprisdans ses difficultés d’apprentissage et que cette solution entre dans son accompagnement global.

Il peut aussi pour des raisons affectives ne pas vouloir grandir, le redoublement favorisant son souhait d’immobilisme. Comprenons-le donc globalement.

L’équipe                                                                                                                                                                

La mémoire de travail (MDT) et la réussite scolaire

« Hein qu’est-ce qu’il faut faire, qu’est-ce que le professeur a dit ? J’ai oublié la page. Quand je prends note je suis stressée, j’ai peur de ne pas tout écrire. J’oublie souvent une partie de l’énoncé ! Etc. »
On peut considérer la mémoire de travail (MDT) comme un outil de base pour les apprentissages, un carrefour incontournable. Elle est multiple. Le temps d’exécuter une tâche,
– elle maintient des informations perçues visuellement, auditivement, sensitivement (odorat, goût, toucher), le temps de l’exécution de la tâche,
– elle va rechercher des connaissances acquises et les procédures qui y sont reliées,
– elle intervient dans l’apprentissage des matières scolaires (lecture, mathématiques, prise de notes, etc.)
« Une augmentation des performances de mémoire de travail est observée jusqu’à environ 15 ans. … Sachant que le cerveau connaît une maturation progressive tout au long des 20 premières années de vie.» , Nous allons nous intéresser surtout aux informations entendues, vues et lues. Toute la journée, les élèves sont amenés à devoir retenir des données vues, lues ou écoutées pour exécuter les tâches scolaires. L’enseignement frontal s’appuie fort sur la MDT, sans en avoir conscience : je note ce que j’écoute, je retiens une partie de l’énoncé (mots, phrases, images, etc.) pour réfléchir, pour répondre à une question, etc.
Cette composante de nos ressources cognitives est en lien direct avec la réussite scolaire, une faiblesse de ce côté-là, et l’élève se trouve en difficulté pour prendre note, répondre à des questions, faire du calcul mental, etc., sans compter que la MDT soutient la concentration, et inversement. C’est un aspect des compétences cognitives aussi important pour un apprenant qu’indépendant du contenu des cours. Il s’agit d’une variable indépendante, personne n’est en faute s’il est victime de faiblesses de sa mémoire de travail.
Une analyse (voir le graphique ci-dessous) des résultats obtenus aux trois subtests de la Wisc-V qui évaluent la mémoire de travail verbale et visuelle d’une petite population d’élèves de 12 à 16 ans fréquentant l’enseignement général qui a consulté le Centre de Réussite Scolaire pendant l’année scolaire 17-18 nous permet les hypothèses suivantes : les différences de performance interindividuelles, et entre les résultats pour un même élève s’avèrent très importantes, ceci confirme les études existantes.
Une analyse équivalente faite en 2007 à partir de la Wisc-IV, allait dans le même sens. Comme vous le constatez grâce aux profils de la MDT de 16 élèves pris au hasard de la population qui nous consulte et suit un cursus classique, il y a grande variabilité des performances, elle justifie une évaluation plus poussée de la mémoire de travail, elle apporte une belle source d’informations pour comprendre les difficultés d’apprentissage d’un élève. Le surlignement horizontal gris marque l’ensemble des résultats considérés dans la moyenne, 8 = moyenne inférieure, 12 = moyenne supérieure.
Les résultats au-dessus relèvent du niveau supérieur à la moyenne, les résultats en dessous de 8 relèvent du niveau inférieur à la moyenne. La grande variabilité des performances, justifie une évaluation plus poussée de la mémoire de travail, elle apporte une belle source d’informations pour comprendre les difficultés d’apprentissage d’un élève.
Réflexions et conséquences pédagogiques d’une MDT peu efficace :
Comment un élève ayant de réelles difficultés à garder temporairement les informations nécessaires à résoudre une tâche scolaire va-t-il pouvoir maintenir son attention efficacement ? Il s’épuisera plus vite pendant les cours, la matinée, la journée, le trimestre, etc. Au retour de l’école quelle énergie lui reste-t-il pour les devoirs et les leçons ? Comment peut-il lors des examens exploiter au mieux ses acquis ? Etc.
Notre système scolaire n’intègre pas, ni dans sa didactique ni dans son évaluation, de telles faiblesses cognitives, l’élève suit ou tant pis pour lui.
– Plus de 40% de notre population ont des raisons de se « plaindre » de leur mémoire de travail. Ils ne sont pas responsables des causes de ce problème, et ils les assument de toute façon !
L’autoévaluation est plus pénible, l’apprenant s’interroge oralement, répond correctement, mais oublie vite les réponses dites, ce qui l’oblige à les écrire et ainsi allonger le temps de travail.
L’élève retient de façon incomplète ce qu’il vient de lire pour résoudre la tâche, certains élèves ne pouvant retenir qu’une partie de la consigne si celle-ci contient plus de deux instructions ou exige une manipulation mentale, ils demandent à leurs voisins de classe, au professeur de la répéter « Quoi, qu’est-ce qu’il a dit, qu’est-ce qu’il faut faire ? ».
– Les fins de journées, les périodes de blocus, d’examens sont plus difficiles à gérer, notamment à cause du grand surplus d’efforts nécessaire pour compenser le déficit et donc la fatigue qui en découle.
Les conséquences de problème au niveau de la mémoire de travail dépassent largement le cadre scolaire.
De toute façon, il faut s’assurer que l’élève n’a pas de problème visuel, ORL, nutritionnel, une difficulté à ces niveaux-là peut polluer la mémorisation comme le reste des efforts intellectuels. Un article prochain proposera des idées, des propositions aux élèves, leur entourage, aux professeurs pour compenser des faiblesses de la MDT. D’ici là, pensez-y aussi !
À suivre
L’équipe
Définition plus complète: Sur le plan pédagogique, nous définissons la mémoire de travail comme celle qui condense ce qui est nécessaire à la compréhension, l’application ou la mémorisation d’une leçon au moment où on l’étudie, d’une tâche intellectuelle au moment de son exécution. Cette mémoire est de ce fait étroitement liée au traitement de l’information. Elle dépend aussi de la qualité des différents types de mémoires, tout en étant liée plus ou moins étroitement à la coordination visuomotrice (je vois puis je fais) et à l’attention-concentration. Elle est un type de mémoire à court terme, un stockage temporaire. (Bronselaer D., 2010, Réussir à l’école, Averbode, Labor éducation).
Notons que la mémoire de travail est multiple. « Elle correspond à l’instance qui permet de maintenir disponibles les informations perçues et d’activer les connaissances et les procédures nécessaires à leurs traitements. Plus précisément, elle remplit notamment les fonctions suivantes (Rossi, 2005) : – sélectionner les informations qui doivent être traitées et les connaissances antérieures qu’il semble opportun d’activer ; – inhiber les traitements automatisés ; – réguler le flux attentionnel et maintenir disponibles les informations et/ou connaissances pertinentes et, au contraire, inhiber celles qui ne le sont pas ; – coordonner les opérations liées à la réalisation de différentes activités. » (in sous la direction de Crahay, M., et Dutrévis, M., 2016, 2è éditions, Psychologie des apprentissages scolaires, Ouvertures Psychologiques, de Boeck supérieur). Lee, Bull&Ho, 2013, in « La mémoire chez l’enfant : du développement aux apprentissages, de F. Dégeilh, F. Eustache, B. Guillery-Girard, in A.N.A.E., 2017 ; 149 ; 44-458 ».