
Cette période difficile offre une occasion exceptionnelle d’accélérer la rénovation de notre enseignement surtout secondaire (le plus en échec d’Europe). C’est ce qui peut arriver de mieux à nos élèves et par conséquent à nous tous, parents et usagers de l’école !
On sait depuis longtemps que le redoublement et l’évaluation externe comme le baccalauréat en France , n’apportent rien de bon aux élèves, que du contraire ! Ça, je l’avais déjà appris lors de mes études d’instituteur en 1977 et je le confirme aujourd’hui avec 40 ans de recul comme enseignant, psychologue, pédagogue, thérapeute. Ce sont des habitudes culturelles qui nuisent aux élèves, à tout notre système scolaire belge francophone, sans compter le coût économique conséquent énorme : chaque année amène des dizaines de milliers d’élèves qui n’auraient pas dû recommencer, un taux de décrochage scolaire en continuelle augmentation, sans compter l’absentéisme professoral, les cours sans enseignants, etc.
Il y a plus de 331.000 élèves en primaire et 368.000 en secondaire d’après la Fédération Wallonie-Bruxelles
On élimine des élèves sans qu’ils soient informés sur les causes de leurs échecs et la façon de progresser, et dire qu’il suffit qu’ils travaillent s’avère une erreur fondamentale.
Des centaines de millions d’euros par an dépensés pour panser les plaies, poser des rustines sur des rustines !
L’annulation des épreuves externes due uniquement au confinement constitue un soulagement pour beaucoup, alors pourquoi les maintenir ? Transformons-les en outils de formation, d’information pour le jeune, ses proches, ses enseignants ! Profitons de cette période difficile pour rendre la vie des élèves plus heureuse, pour rendre la pédagogie plus positive et l’évaluation vraiment formative. Tous les étudiants que nous avons aidés par téléconsultation depuis trois semaines nous ont démontré qu’ils progressent très bien, développaient une belle autonomie, apprenaient de quoi ils étaient capables sans cette pression des points. C’est vrai aussi que l’e-learning (cyberapprentissage) est un bel outil, comme l’est aussi le dossier d’apprentissage qui lui n’a pas besoin de matériel informatique coûteux.
Seule l’évaluation qui sert à l’élève à se construire est utile, elle ne peut réellement exister qu’accompagnée d’une pédagogie positive. L’enfant, l’adolescent apprend pour lui, pour grandir, s’enrichir, pas pour avoir des points, pas pour que des adultes l’autorisent à passer. Il va à l’école pour mieux se connaître, s’apprécier, se respecter. Il lui faut une évaluation qui l’aide à se situer dans la maîtrise de la matière, qui lui indique des chemins à suivre qu’il sait accessibles et utiles. C’est l’élève qui doit savoir de quoi il est capable et pas un conseil de classe à sa place. Invitons l’élève et ensemble décidons comment l’aider, entendre ses besoins.
Profitons de ce moment d’incertitude pour donner à l’évaluation la force constructive, formative que les élèves de l’enseignement obligatoire méritent.
En tant que thérapeutes nous aidons les élèves et bien sûr leur famille, mais nous les aidons également à expliquer à leurs professeurs de quelle manière ils peuvent les aider en retour. Les enseignants apprécient une telle relation, comme on dit c’est du win-win. Des millions d’élèves bénéficient de ce « gagnant-gagnant » en Europe, pourquoi pas nos enfants ? Ces pays ne dépensent pas plus d’argent par écolier et leurs enseignants ne sont pas globalement mieux payés.
Voilà, nous tenions vraiment à vous donner ce message, jamais, nous semble-t-il, une telle occasion ne s’est présentée depuis au moins 40 ans. Merci pour votre attention. Et surtout, prenez soin de vous, surtout prenons soin des élèves.
L’équipe
Table des matières des articles professionnels pour les élèves confinés et leurs parents, libre d’accès : https://centredereussitescolaire.be/2020/02/24/plusde30-reponses-professionnelles-developpees-a-partir-des-questions-qui-nous-sont-posees-depuis-30-ans/ .