L’entrée en 1ère secondaire

En passant en secondaire, les élèves abordent un nouveau continent bien plus étendu qui les soumet à de nombreux changements, changements qui débutent par une séparation, ils quittent les primaires.                                  Voici quelques-unes des caractéristiques de ce passage : Voir la vidéo ou le texte ci-dessous.

Thème 1, la 1ère secondaire, s’y adapter.

En passant en secondaire, les élèves abordent un nouveau continent bien plus étendu qui les soumet à de nombreux changements, changements qui débutent par une séparation, ils quittent les primaires.

Voici quelques-unes des caractéristiques de ce passage :

  • L’élève passe du statut de « les grands » (en primaire) à celui de « les petits »(en secondaire).
  • L’enfant entre dans un monde d’adolescents. Souvent, si ce n’est déjà fait, les transformations physiques et psychiques liées à l’adolescence, la puberté, commencent. Il doit construire un nouveau réseau de relations. Certains vivront alors une période d’incertitude qui peut s’avérer négative ; faisons attention aux jeunes qui paraissent tristes, solitaires, trop introvertis ou inversement.
  • Il voit le nombre de professeurs se multiplier, comme le nombre de matières.
  • Plus que jamais l’expérience qu’il a de la réussite dans ses apprentissages va l’influencer. Son attente peut s’avérer d’autant plus magique qu’il garde de ses primaires un sentiment d’incompétence envahissant. Il ne peut repartir de zéro.
  • Sa capacité d’autonomie sera mise à rude épreuve, notamment l’actualisation de sa méthode de travail.
  • Plus que jamais la logique du rectangle didactique est de mise : l’élève n’a vraiment prise que sur lui-même, soit ¼ de la situation présentée ci-dessous.

Penser à :

  • Introduire une demande d’aménagements raisonnables à l’école si l’enfant est victime de « dys », de difficultés spécifiques dès que possible (https://www.apeda.be/scolarite/amenagements-raisonnables ).
  • Comprendre tout élève qui termine cette 1ère secondaire avec au moins 2 cours en échec ! 8 à 9 fois sur dix CE N’EST PAS à cause d’un manque de travail. Les causes de ce problème doivent être mises en évidence, sous peine de se renforcer.

Aider le jeune apprenant à intégrer ces 4 conseils dans sa méthode de travail, n’oubliez pas, ces conseils sont difficiles à automatiser, le jeune doit être épaulé étroitement au moins deux mois.
1.C’est celui qui explique qui comprend, bien plus que celui qui écoute. Autant jouer au professeur quand on étudie une nouvelle matière.
https://centredereussitescolaire.be/2018/12/12/comprendre-par-soi-meme-malgre-lenseignement-frontal-2/ Un élève informé précisément sur la façon dont il sera évalué se voit avantagé intelligemment.

2. Élaborer un questionnaire tout en mémorisant directement les réponses, à la mode du professeur, au fur et à mesure de l’année favorise une mémorisation compréhensive d’une matière, bien sûr quand cela s’y prête. Le questionnaire obtenu sert pour s’autoévaluer (s’interroger sans avoir relu, les réponses ne sont pas dans le questionnaire. Chaque question renvoie à la page du cours où il y a la réponse.

3. Éviter le surlignement, il empêche de lire ce qui n’est pas surligné.

4. Il existe une importante part d’inconnu quant aux perspectives de succès tant social que pédagogique. N’oublions pas qu’avant les grandes vacances il était en primaire et qu’il n’a que deux mois de plus.

S’il termine cette première année avec des échecs, il faudra les comprendre en profondeur, sous peine de voir l’enfant être orienté négativement l’année suivante.

L’équipe

Septembre, constitue-t-il pour l’élève et son sentiment de compétence, un mois de plus, sans plus ?

Il y a d’abord la réussite, ensuite la motivation pour au moins 85% des apprenants. Le sentiment de compétence général se construit aussi sur la réussite effective éprouvée lors de la résolution des tâches effectuées. Je réussis, alors j’ai envie de refaire, de continuer ce que j’ai réussi. À l’origine du plaisir d’apprendre, la motivation suit bien plus souvent la réussite qu’elle ne la précède. Donc le jeune qui échoue se démotive parce qu’il échoue par exemple pour apprendre une matière. Il n’est alors pas constructif d’accuser son manque de motivation.

Si ça ne va pas, l’élève peut se réorienter, changer d’école de préférence avant fin septembre. Voir : http://www.jeminforme.be/index.php/enseignement-formations/enseignement-secondaire/changement-d-ecole-et-d-option; http://blog.siep.be/2017/04/changer-decole-mode-demploi/ .                              Il y a aussi moyen de le faire la 1ère semaine après la rentrée des vacances de Noël, sinon il faut une dérogation.

Une question logique à se poser dès ce début d’année : l’apprenant se construit sur quelles réussites, sur quels échecs, sur quelles ressources d’apprentissage ?

Début septembre n’est jamais un départ « de zéro », l’élève ne peut pas oublier ses réussites, ses échecs. Ce mois constitue pour la plupart des écoliers un mois de plus pour continuer à se construire, en s’appuyant sur ses vécus positifs, négatifs, et ses ressources d’apprentissage, notamment.

Quelques idées et conseils scolaires :

  • C’est celui qui explique qui comprend, bien plus que celui qui écoute. Autant jouer au professeur quand on étudie une nouvelle matière. Voir: https://centredereussitescolaire.be/2018/12/12/comprendre-par-soi-meme-malgre-lenseignement-frontal-2/
  • Un élève informé précisément sur la façon dont il sera évalué se voit avantagé intelligemment.                        
  • Élaborer un questionnaire tout en mémorisant directement les réponses, à la mode du professeur, au fur et à mesure de l’année favorise une mémorisation compréhensive d’une matière, bien sûr quand cela s’y prête. Le questionnaire obtenu sert pour s’autoévaluer (s’interroger sans avoir relu, les réponses ne sont pas dans le questionnaire. Chaque question renvoie à la page du cours où il y a la réponse. Éviter le surlignement, il empêche de lire ce qui n’est pas surligné. 
  • L’apprenant n’a prise vraiment que sur un quart des critères intervenant dans la relation didactique professeur-élève. Voir: https://centredereussitescolaire.be/2019/03/03/soyons-justes-quand-nous-accusons-un-eleve-dincompetence/

Nous vous souhaitons de passer un début d’année scolaire 2019-2020, heureux!

L’équipe

Le jugement négatif de l’élève en échec, un effet nocif de notre système scolaire

Carte blanche
https://www.levif.be/actualite/belgique/notre-systeme-scolaire-porte-une-enorme-responsabilite-sur-le-jugement-negatif-des-eleves-en-echec/article-opinion-1161505.html

Le cas proposé ici se veut assez représentatif des milliers de victimes du CE1D, il n’existe pas réellement. Les informations fournies sont prises à partir de la réalité rencontrée cette année-ci, et les années précédentes auprès de centaines d’élèves du secondaire, mais aussi de centaines de parents. On peut imaginer qu’un seul étudiant rencontre les problèmes décrits ici, mais adaptés à sa vie. Rappel sur la liberté d’action de l’élève. Nous considérerons 4 facteurs pour comprendre l’étudiant et le cours qu’il doit réussir: l’élève (la raison d’être des trois autres facteurs), son professeur, le programme du cours, l’évaluation sommative (les points, les sanctions, l’examen).

(Lire : https://centredereussitescolaire.be/2019/03/03/soyons-justes-quand-nous-accusons-un-eleve-dincompetence/)

Il = l’étudiant.e

Il n’a prise ni sur son professeur, ni sur le programme, ni sur le système qui est supposé évaluer sa maîtrise de la matière enseignée. Il a prise sur lui-même, soit ¼ des facteurs, mais il doit assumer avec sa famille, 100% de ses échecs.

Les 2/3 da sa classe sont ajournés. C’est un doubleur et il affiche 3 examens à repasser (il les eut aussi à repasser en septembre 18) :

1) Néerlandais : le CE1D évalue 4 compétences cotées en tout sur 100 :  

– Compréhension à l’audition (compte pour 30%), il a bénéficié de moins d’une audition par semaine, sachant qu’une audition dure moins de 3 minutes. C’est vrai qu’il eut aussi à écouter les élocutions des autres élèves.

– Expression orale (compte pour 30%) : il n’a pas du tout été entrainé à parler flamand, sinon lors d’une élocution, par ailleurs réussie.

– Compréhension à la lecture (compte pour 20%) : constitue à peu près 45% du temps d’enseignement reçu.                                                                                 

– Expression écrite (compte pour 20 %) : constitue à peu près la moitié du temps de l’enseignement reçu.                                                                             

Notons que lors de sa première 2è secondaire, il n’a pas eu cours de néerlandais durant 4 mois il fut obligé de passer le CE1D et comme le reste de sa classe, y échoua !

2) Sciences : petit échec, il doit tout repasser, le professeur donne comme seule indication les titres des chapitres. Ha oui, ce professeur fut absent trois mois, et il y eut aussi un changement d’enseignant au 1er trimestre.

3) Histoire : pas repris au CE1D (l’enseignement libre catholique reprend cette matière au CE1D, mais différemment sous le titre EDM, étude du milieu). Il eut seulement deux contrôles de janvier à juin, un réussi, pas l’autre, la moyenne des deux est inférieure à 50%. Le professeur donne la matière et des objectifs portant sur la partie ratée. Notons que ce cours fut réussi l’année précédente (sa 1ère deuxième).

Depuis janvier, le nombre de périodes d’absence de l’ensemble de ses professeurs s’élève à presque une centaine de périodes dont la moitié est assumée par deux enseignants. Cela donne en moyenne entre 4 et 5 périodes d’absence par semaine. Absences particulièrement élevées après Pâques, certaines semaines ont eu 10 à 15 périodes de non-enseignement pour cause d’absences professorales.                                                                                                       

 (Lire : https://centredereussitescolaire.be/2019/04/15/lapres-paque-periode-a-risque-pour-le-decrochage-scolaire/)

Déjà, de ce fait le CE1D propose des questions sur des points de matière QUI N’ONT PAS ÉTÉ ENSEIGNÉS. Ce temps occupé par les examens de Noël, parfois aussi de Pâques, de juin, et les examens externes remplace des semaines d’enseignement. NON, NI l’élève NI ses parents n’ont prise sur les ¾ de ce qui détériore la scolarité de leur enfant. Alors que penser de cette accusation trop souvent portée sur l’élève en échec : « Tu es en échec parce que tu n’as pas (bien ) travaillé ! Tu doubles par ta faute ! » ? Bien sûr les enseignants du secondaire NE sont PAS en faute, même s’ils ont prise sur eux-mêmes, sur l’élève à qui ils enseignent, sur l’évaluation sommative. Le système dans lequel ils travaillent dysfonctionne TOTALEMENT ! Le temps d’enseignement est devenu si réduit que l’ensemble des programmes des cours n’est plus enseignable ni enseigné ! Alors, POURQUOI faire doubler un élève ? On sait que 50 % des doubleurs rencontrent au moins un échec sévère dans les années qui suivent et que 90% n’auraient pas dû doubler ! Et nous n’abordons même pas la question du coût financier énorme qu’entraîne un doublement, à court, moyen et long terme.                                                                                                            

Alors, POURQUOI continuer à imposer, en plus, des examens externes qui n’arrangent RIEN ; notre enseignement secondaire francophone affiche le plus de doubleurs d’Europe depuis longtemps, et est le SEUL à pratiquer ces types d’examens de façon incessante, oppressante, humiliante. Il n’y a que chez nous que les enfants sont ainsi mal menés, et ce dès la 2è primaire, même si comme en 4è primaire ça ne peut pas les faire doubler (quoique).

Nos jeunes ne vont plus à l’école pour apprendre, ils y vont pour gagner des points sous peine de se voir exclus de leur groupe classe !

Jamais nous n’avons reçu en consultation autant d’étudiants et d’étudiantes du secondaire pour cause d’anxiété grave, sachant que ces patient.e.s pour la plupart ne sont pas en échec                                                                           

(lire https://centredereussitescolaire.be/2019/01/06/angoisse-inquietude-et-evaluations-scolaires/)!

Cette anxiété est justifiée notamment parce que notre école secondaire est redoutée par de plus en plus d’élèves pour sa capacité à leur nuire.   « Je réussis, mais si je rate à l’examen je suis foutu.e. ». Cette anxiété s’avère souvent reprise par les parents.

Plus que jamais, la famille constitue le filet de sécurité de l’étudiant.e, d’autant plus s’il ou elle a du travail scolaire à fournir pendant les vacances (examens de passage, travaux de vacances, etc.), sans la garantie pour autant de passer d’année.

Non, le travail n’est pas une garantie de réussite, non l’examen externe ne reflète pas le bon travail fourni tout au long des deux années. L’apprenant et ses parents n’ont prise que sur ¼ de la situation.

Donc, ne portons pas un jugement négatif sur un étudiant en échec à l’école.

Chèr.e.s étudiantes et étudiants du secondaire, chers parents, bonnes vacances !

L’équipe

Les résultats finaux de l’année scolaire arrivent. Voyons comment réagir au mieux en cas de mauvaise nouvelle !


Quoi, redoubler ! Quoi, une attestation B !
Quoi, des examens de passage !
Quoi faire ?

Si vous n’êtes pas d’accord avec la décision du conseil de classe, réfléchissez à introduire une procédure de conciliation interne (appelée couramment recours interne puis externe) auprès de l’établissement scolaire, vous avez maximum 5 jours à partir de la délibération dudit conseil de classe. Voir :

http://blog.siep.be/2017/01/recours-dans-lenseignement-secondaire-ordinaire-de-plein-exercice/   – http://inforjeunes.eu/comment-introduire-un-recours-contre-une-decision-du-conseil-de-classe/. – http://www.enseignement.be/index.php?page=24607&navi=53.         « Enseignement.be » fournit une information officielle.    

Le secrétariat de l’école vous fournira le formulaire ad hoc. Courez chercher ce formulaire, et réfléchissez aux arguments! L’absentéisme professoral constitue un des arguments les plus fréquents et valables, grâce à la logique élémentaire peu respectée chez nous, « on n’évalue pas ce qu’on n’a pas enseigné ».

Il est toujours intéressant de se procurer dès que possible une copie des examens, c’est-à-dire les questions et réponses, les productions du jeune, ne fût-ce que pour les cours en échecs, justifier le recours. Voir :   – http://www.enseignons.be/2014/06/29/obtenir-une-copie-de-ses-examens-est-un-droit/     – http://www.enseignement.be/index.php?page=26382     

 Oui, faire un recours interne puis externe est utile si vous l’estimez, même si la direction vous dit que ça ne sert à rien, parce que ce n’est pas vrai, ça sert. Même si le recours externe finit par être refusé, vous aurez montré à votre enfant que vous le soutenez, que vous ne vous laissez pas faire. Plus les familles défendent justement leur progéniture scolarisée face à des injustices scolaires, plus les écoles s’y adapteront. Ici, le changement vient du filet de sécurité familial, le meilleur soutien de l’élève.

Quoi, redoubler ! Le redoublement s’avère le plus souvent « pire que bien ». Il existe régulièrement des alternatives plus heureuses (voir https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/deuxieme-article/). Un élève peut être mal orienté.

Quoi, une attestation B ! Si le conseil de classe propose une attestation B, réfléchissez-y bien ! Ce conseil peut constituer une opportunité pour s’orienter vers une scolarité plus heureuse tout en évitant le redoublement ! Voir : – http://www.jeminforme.be/index.php/enseignement-formations/enseignement-secondaire/attestations-d-orientation. – http://www.enseignement.be/index.php?page=25088.   N’oubliez pas qu’un élève qui achève ses secondaires en général ou technique de transition, ou technique de qualification obtient le certificat de l’enseignement secondaire supérieur (CESS) qui donne accès à tout l’enseignement supérieur y compris l’universitaire! Non, le secondaire général ne prépare pas mieux au supérieur ; c’est le filet de sécurité familial additionné à une orientation scolaire adaptée aux ressources d’apprentissage et aux goûts de l’élève qui offrent la meilleure garantie de réussite en supérieur (voir https://centredereussitescolaire.be/2019/02/18/evaluer-leleve-pour-apprecier-ses-ressources-dapprentissage-avec-discernement/)                                            

Quoi, des examens de passage ! Il faudra comprendre ce qui s’est passé à l’examen, la façon d’interroger du professeur, puis développer une méthode de travail adaptée. Vous avez donc intérêt à vous procurer dès que possible une copie des examens (questions et productions de l’élève), et à consulter le(s) professeur(s) concerné(s). Il arrive qu’un recours interne proposant au conseil de classe de donner une attestation B aboutisse, il évite ainsi ces examens ou du moins une partie; l’élève, ses parents auront alors pensé un projet sensé, le jeune n’ayant pas trop d’échecs. Nous vous renvoyons aux articles du coin lecture, vous y trouverez des conseils et informations pour préparer une 2è session. Exemple : https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/quatrieme-article/

 Pensons à prendre du recul avant d’accuser l’élève d’incompétence, ou de fainéantise, il est la 1ère victime ! (Voir https://centredereussitescolaire.be/2019/03/03/soyons-justes-quand-nous-accusons-un-eleve-dincompetence/)   

 Il peut avoir été mal évalué, avoir eu au moins 2 examens un même jour, etc.

Faisons contre mauvaise fortune scolaire, bon cœur et bon raisonnement !

L’équipe

Dernière ligne droite pour cette année scolaire

« Il faut terminer le programme que le professeur a dit, un autre nous a mis un examen hors session, tout ça avant les examens, c’est trop dur ! » « Moi je ne sais pas trop, beaucoup de professeurs ont été absents, au moins un par jour ! » « J’ai deux échecs, j’espère une attestation B, j’ai un projet pour continuer en technique, au bout c’est le même diplôme. » « Je réussis, mais je sais pas, je suis inquiète, j’ai peur ».

« Parents, mettre des mots sur vos questionnements, vos impressions, vos réflexions peut vous aider à aider votre progéniture, vous faire du bien. Ces articles vous le permettent.»

– Comment mon enfant peut-il (encore) améliorer ses révisions d’examens ? (Re)lisez : https://centredereussitescolaire.be/2019/01/03/revoir-un-cours-planifier-ses-revisions-pour-les-examens-de-noel/

Vous éprouvez une incertitude inquiétante, vous savez le travail que votre enfant fournit, votre propre capacité à l’aider, mais vous réalisez que les ¾ de la réalité scolaire de votre enfant, de vos enfants vous échappe, leur échappe. (Re)lisez : https://centredereussitescolaire.be/2019/03/03/soyons-justes-quand-nous-accusons-un-eleve-dincompetence/

– Au fond, mon fils, ma fille est-elle capable, quelles sont ses forces ? (Re)lisez : https://centredereussitescolaire.be/2019/02/18/evaluer-leleve-pour-apprecier-ses-ressources-dapprentissage-avec-discernement/

– Et si mon enfant rate, quel plan B ? (Re)lisez : https://centredereussitescolaire.be/2018/10/12/lorientation-scolaire-et-son-incertitude/

– Vous voyez votre enfant grandir, un.e vrai.e adolescent.e, mais tellement angoissé.e lors des examens, vous en êtes vous-mêmes alarmés ! (Re)lisez : https://centredereussitescolaire.be/2019/01/06/angoisse-inquietude-et-evaluations-scolaires/

Ces courts articles se veulent aidants, leurs contenus reposent sur trente ans d’expérience ; ils sont validés, réfléchis, écrits pour offrir aux usagers de l’école une information juste, latérale, construite sur cette double question : « Qu’est-ce qui est le mieux pour cet élève et sa famille qui nous consultent ET pour l’élève en général ? ». Vous êtes libres de les lire.

L’équipe

Revoilà l’épidémie estivale belge francophone : Dizaines de milliers d’élèves atteints d’échecs scolaires, annoncés !


Actualisation de la Carte blanche parue dans le quotidien Le Soir, le jeudi 04 janvier 07.

 « On donne le nom de maladies épidémiques à toutes celles qui attaquent en même temps, et avec des caractères immuables, un grand nombre de personnes à la fois », Lebrun, Traité historique sur les maladies épidémiques, Paris 1772, in Michel Foucault, Naissance de la clinique, page 22, 1963, Paris, quadrige, Presses Universités de France.

Les examens de juin, invariablement depuis des temps immémoriaux, font leur lot de victimes, ils arrivent, tremblons ! Des dizaines de milliers d’élèves de l’enseignement obligatoire officiel et catholique en seront victimes ; le symptôme est connu : l’échec, ordinairement annoncé en caractères rouges dans le bulletin. Dans notre belle francophonie, cette épidémie ne connaît pas de résistance digne d’elle.

Étudiant et luttant contre ce problème depuis plus de 30 ans, le Centre de Réussite Scolaire offre un point de vue unique et très intéressant grâce à son indépendance, et son expérience. Il se situe au carrefour de nombreuses écoles de Wallonie et Bruxelles. Depuis plus de 12 ans, nous remarquons que c’est dans les rangs des étudiants de 3è, 4è et 5è secondaire que cette maladie frappe le plus ; de la moitié, aux deux tiers en sont atteints, un tiers sera échec et mat en juin prochain.

Ne courez pas à la pharmacie ou chez votre médecin, cela ne sert à rien, l’espèce est protégée, au point que certaines écoles n’admettent plus que les résultats obtenus aux examens comme critère de réussite. Quelques exemples de situations favorables à son expansion : un à deux, voire trois examens par jour, portant sur toute la matière depuis septembre, des questions plus difficiles que d’habitude (ce serait trop facile, sinon), de préférence nombreuses avec (trop) peu de temps pour y répondre, sans compter que voyant les examens arriver, certains enseignants atteints également de stress négatif (tout le programme doit être vu), imposent à leurs élèves une surcharge de travail avant même la période de révision.

Il faut bien comprendre cette variété d’épidémie, nous sommes son dernier pays de Cocagne ou presque, autant la choyer au mieux ! Surtout, évitons ce que certains pays font : valoriser la pédagogie positive, évaluer l’apprenant progressivement, lui laisser le temps nécessaire pour montrer son bon travail, individualiser l’évaluation et la rendre uniquement formative, construire un système d’enseignement harmonieux et commun à toutes les écoles, lui permettre de corriger le tir, par exemple en lui proposant un nouveau contrôle s’il souhaite améliorer ses résultats et ne garder que le meilleur, comme les adultes préfèrent faire dans leur travail, etc.

Ah oui, les enseignants me direz-vous ? Eh bien, ils sont surtout vecteurs bien malgré eux de cette maladie épidémique, parce que leur bon enseignement s’en trouve tout aussi dévalorisé ! « Pourtant tu as réussi pendant l’année ! », « Oui, parce que j’étudie sérieusement une matière bien enseignée et que je suis évalué dans des conditions plus humaines ! »

Je vous propose quelques explications pour vous éclairer sur ce phénomène bien de chez nous. Ce n’est la faute de personne ! Il est dû à la méconnaissance. Peu de parents ou enseignants savent que plus de 80% des élèves en échec sont a priori victimes de troubles cognitifs ou instrumentaux, c’est-à-dire de faiblesses importantes affectant l’une ou l’autre compétence spatiale ou verbale, ou/et la concentration, la mémoire, la maîtrise du langage écrit, la méthode de travail, etc. Cesdites faiblesses, pour la plupart, sont inhérentes au développement neurobiologique de l’être humain, il n’en est donc pas en faute. Mais elles rendent la passation des examens de Noël et de juin nettement plus difficile parce que de telles conditions d’évaluation défavorisent les écoliers très injustement : beaucoup (trop) de matière à lire, mémoriser ou comprendre, en très (trop) peu de temps. Le potentiel cognitif de ces jeunes ne suit pas, pour causes indépendantes de leur volonté, du travail fourni et de la qualité de l’enseignement dont ils ont bénéficié ! Entendons-nous bien ! Ils ne sont ni plus ni moins intelligents que leurs condisciples, l’intelligence est multiple, mais ils sont victimes de failles là où il ne faut pas, aux moments où il ne faut pas. Nous relevons plus d’une douzaine de bonnes raisons qui rendent ces examens aussi pénalisants, il faudra en tenir compte (https://centredereussitescolaire.be/wp-content/uploads/2018/10/guide_reussir_a_lecole_t-able_matières_siteweb.pdf). Ces raisons justifient que les autres pays évitent ce genre d’évaluation.

Plus largement, il n’est pas normal que sur cinq écoles secondaires d’une même région, il y ait cinq systèmes d’évaluation différents : pour des résultats équivalents, une école autorise les examens de passage, une autre fait doubler, une troisième autorise le passage moyennant des travaux de vacances, une autre encore réoriente par une attestation B, etc. Chacun des cinq chefs d’établissement donne de « bonnes » raisons pour défendre « son » système !

Depuis de nombreuses années, les écoles proposent des remédiations sous forme d’ateliers, « L’échec à l’échec », etc. À cela, il s’ajoute petit à petit les examens externes en 2è primaire, 4è primaire, CEB, CE1D, bientôt CE2D et une évaluation certificative fin 6è secondaire ; à part avoir de ce fait augmenté les temps d’évaluation aux grands dépens des temps d’enseignement, ces examens supposés favoriser une évaluation plus juste, n’ont pas empêché notre école secondaire francophone (hors écoles secondaires libres non confessionnelles) d’être la pire génératrice d’échecs d’Europe (au moins), et l’augmentation irrésistible des abandons scolaires (https://centredereussitescolaire.be/2019/04/15/lapres-paque-periode-a-risque-pour-le-decrochage-scolaire/).

Dites-vous bien que les enseignants ou directeurs ne sont pas en faute et qu’ il y a de bonnes solutions : celles citées plus haut, adoptées par d’autres pays, promouvoir le diagnostic pour les élèves en difficulté afin de les informer, eux et leurs parents et s’ils sont d’accord d’en faire bénéficier leurs enseignants, imaginer avec ces jeunes une méthode de travail en conséquence, privilégier l’évaluation formative. Saviez-vous que la très grande majorité des pays européens évaluent leurs élèves autrement ? Un étudiant victime d’hyperactivité, d’un déficit de la mémoire verbale ou de la lecture, qui maîtrise une matière à 60% quand il est évalué en respectant son trouble, a toutes les (mal) chances de rater aux examens de juin ou de Noël, alors qu’il a étudié sérieusement et que l’enseignant a bien enseigné. Toutefois, il existe un apport récent positif et important pour les élèves, « l’aménagement raisonnable»  (http://www.enseignement.be/index.php?page=27781), destiné à aider les « dys » ayant bénéficié d’un examen pluridisciplinaire, même si la majorité des enseignants ne les appliquent pas en dehors des « gros » examens où son application est obligatoire. Cela dit, nous ne voyons pas (encore) d’effet sur les doublements et décrochages scolaires.

Quand on se représente bien les causes des problèmes, des solutions efficaces peuvent être imaginées. Notons par ailleurs que sans cette démarche, faire doubler un élève est aussi imprudent que le faire passer automatiquement sans plus.

Toutefois quand « buser » autant de jeunes, en même temps, systématiquement, aux mêmes moments, depuis si longtemps constitue des habitudes qui persistent contre vents et marées, il s’avère peut-être pertinent de parler de problème ou de règle culturelle.

Didier Bronselaer

Prévenir le décrochage scolaire


Cet article constitue la 2è partie de ce sujet (voir : https://centredereussitescolaire.be/2019/04/15/lapres-paque-periode-a-risque-pour-le-decrochage-scolaire/)



Un problème peut en cacher un autre, plus fondamental. Une difficulté peut en induire une autre, comme un enfant en échec qui se voit rejeté par ses condisciples. Les difficultés d’apprentissage de cet élève peuvent entraîner une fuite des idées et rendre tout effort intellectuel particulièrement éprouvant, le résultat de ce travail intellectuel soutenu devient lui-même difficile à conserver en mémoire. Le soir, nettement plus fatigué que la normale, il se montre du coup peu disponible pour ses travaux scolaires, ce qui peut irriter son entourage et provoquer un climat harassant pour tous. Dans ces conditions, petit à petit un sentiment de persécution envahit ledit élève parce que les adultes exigent de lui sans cesse plus d’efforts dans des tâches qu’il se sent de moins en moins capable de mener à bien. À force d’entendre des remarques du genre « Si tu voulais ! Tu es intelligent, mais tu es un fainéant. Après tout ce qu’on fait pour toi, tu pourrais faire un effort ! Etc. », progresse en lui l’impression d’être incompris, incapable, il réagit alors de façon de plus en plus inadaptée (troubles du comportement, une inhibition intellectuelle, etc.). La communication devient à ce moment un problème supplémentaire à résoudre, le sac à dos devient tellement lourd que l’apprenant n’arrive plus à rester accroché à son job d’écolier ! L’école pour ce jeune catalyse toutes les sources de ses frustrations : «Finie l’école, finis les problèmes !»

Une solution consiste alors à « décrocher ». Une fois l’abandon scolaire effectif, le noeud s’avère très serré et pour longtemps. L’énergie à dépenser pour résoudre ce problème ne fût-ce qu’en partie se montrera très élevée et portera sur un longtemps, sans garantie d’aboutissement !

La question subsidiaire : Comment prévenir ce décrochage, percevoir les risques d’abandon ? Le nombre d’étudiants qui renoncent à « poursuivre l’école » en fin de cycle secondaire, ou supérieur, universitaire est étonnamment élevé. Ils sont à quelques mois de la fin d’un cycle, voire un an, pourtant psychologiquement ils s’en sentent tellement éloignés.

Voici une première évaluation du risque de décrochage ou abandon scolaires.

Une série d’indices de décrochage situés à plusieurs niveaux vous est proposée. Considérez-les comme des données exprimant la détresse d’une personne. Le terme d’indice est pris dans son sens de signe apparent qui indique avec probabilité. Le but est d’analyser les indices selon leur nature, fréquence ou répétition. L’avis de chacun est nécessaire. L’idée consiste à passer chaque point en revue (de A. à I.) avec le jeune, ses parents, frères et sœurs si possible aussi, ou toute personne qui peut donner un avis pertinent à ce sujet.

Veuillez entourer ou surligner un point dès qu’il est associé à du négatif, le compléter si nécessaire (cette liste se veut non exhaustive).

A. Les difficultés de comportement :

de type introverti : « Il est trop renfermé. Il est très discret. » 

de type extraverti : « Cette élève n’arrête pas de bouger. Le lundi matin il est difficile, il se met en retard pour l’école. Ce jeune sabote les cours.» Remarque : l’ennui constitue aussi un indicateur aussi négatif que fréquent.

B. Les faiblesses instrumentales ou cognitives :

psychomotrices, « Ce petit est tellement maladroit ! Il ne connaît pas sa gauche de sa droite. »

de l’attention concentration, « Il ne sait pas rester assis à son bureau. C’est une rêveuse. »

du langage oral, « Elle construit mal ses phrases. »

– du langage écrit, « J’écris très mal. Mon enfant fait plein de fautes. Tu ne sais pas lire. »

de la mathématique, « Je suis nul en math. Il calcule mal. »

– de certains cours, « Cet enfant a toujours été faible en langues. Tous les ans il est en échec en français. »

– de la façon d’étudier, « Elle n’a aucune méthode. Il met un temps fou pour faire ses devoirs. Cet élève ne retient rien ! »

– du raisonnement, « Il a tant de difficulté à comprendre. Elle a toujours été lente pour apprendre ses leçons. Je dois tout lui expliquer plusieurs fois ! »

C. Le redoublement :

– de la 3ème maternelle, de la 1ère primaire « Ainsi, il pourra repartir de zéro. », « Cette petite a encore trop besoin de jouer. »

– malgré le redoublement, ça ne va pas mieux ;

– avoir deux ans de retard ;

– recommencer deux années en suivant, la même année scolaire ou deux fois en trois ans.

D. L’absentéisme : Analyser les absences selon leur fréquence, les moments de la journée, de la semaine, voire de l’année est souvent révélateur.

E. Le mal-être physique : Une fatigue excessive, une chute de tension, des maux de tête, maux de ventre, crises de larmes ; ces symptômes peuvent avoir lieu le matin avant d’aller à l’école ou le soir.

F. Le changement d’école, de région, de pays.

G. Les changements familiaux : – la naissance d’un frère ou d’une sœur ou un frère qui quitte la maison ; – des désaccords entre les parents (disputes, séparation), une recomposition familiale (nouveaux demi-frères et sœurs, nouveau beau-père ou belle-mère) ; – un parent qui perd son emploi ; – un parent qui commence un nouvel emploi.

H. La santé des proches : un parent gravement malade ou handicapé ; – un décès.

I. Autre______________________________________________________________________

Résumé : ____________________________________________________________________

En rassemblant les avis de chacun et en en discutant avec le jeune, un pas vers une aide adaptée est fait.
S’il vous semble que cet élève affiche un nombre inquiétant d’indices, vous avez raison de faire appel à un avis professionnel indépendant de l’école et de la famille.
Attendre et voir constitue un facteur à risque important supplémentaire !

L’équipe

L’après-Pâques, période à risque pour le décrochage scolaire

Voici un heureux décrochage, parce que ce jeune grimpeur se sait en sécurité, et aussi qu’il continuera à aller plus haut.

La dernière partie de l’année scolaire arrive, les élèves du secondaire en difficulté ont fourni en grande majorité de grands efforts d’adaptation, ils sont souvent fatigués, usés par un travail peu enrichissant, qui rapporte surtout des reproches, des sentiments d’incompétences. Face à eux des enseignants fatigués, stressés, ils doivent terminer d’inculquer le contenu d’un programme peu respectueux des ressources d’apprentissage, nous pensons surtout aux cours de sciences, mathématiques, néerlandais. Ils savent que pour beaucoup ce sera du bourrage, forçage, puis il faut se précipiter dans une période d’examens qui en dehors de diminuer le temps d’enseignement, de mettre les étudiants dans une situation d’évaluation détestable (les examens de juin), augmente énormément le nombre d’échecs et mat. Rappelons que nous sommes à peu près le seul pays d’Europe à pratiquer une évaluation malheureusement certificative, aussi inadaptée. Cesdits professeurs se montrent en conséquence plus intolérants aux élèves qui les renvoient à l’échec de leur propre enseignement, d’où l’augmentation des reproches, des punitions, renvois du cours, retenues, etc. Bref, cette période renforce les fondements du décrochage scolaire belge francophone.

Que pouvons-nous faire, nous, usagers de l’école, pour contribuer à ce qu’un.e jeune élève, un.e étudiant.e ne se sente pas un jour tant exclu.e d’un tel système scolaire, qu’il ou elle lâche prise ? Respecter les ressources d’apprentissage de l’apprenant est une règle de base, aussi logique que peu respectée. Comme déjà nous l’avons déjà démontré, « On ne demande pas à un élève, encore et encore, ce qu’il ne peut pas donner ! » (Voir https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/troisieme-article/)

L’image ci-dessus représente un heureux décrochage, parce que ce jeune grimpeur se sait en sécurité, et aussi qu’il continuera à aller plus haut. Malheureusement, la réalité de nos écoles fait que l’échec personnel ne bénéficie pas de l’assureur, ce partenaire qui tient cette corde qui permet le décrochage sans risque et qui bénéficie à la progression du binôme.

– Rappelons-nous

Un des messages éducatifs les plus fondamentaux veut que nos enfants entrent dans le monde adulte, les mieux armés possibles. Si les obstacles qu’ils rencontrent au cours de leur vie d’élève leur deviennent insurmontables, les adultes qui s’occupent de ces apprenants sont alors confrontés au non-respect de ce message et à la peur de ne pas avoir fait ce qu’il faut pour bien les préparer. Cette crainte, souvent inconsciente, génère des tensions internes et des conflits importants, entre les personnes. Le décrochage scolaire peut avoir pour bénéfice la remise en question du développement de l’élève et aussi d’amener son environnement à reconsidérer son propre point de vue. (Voir https://centredereussitescolaire.be/2019/01/22/les-avantages-que-peut-apporter-un-probleme-scolaire-quempeche-t-il-que-permet-il/)

Signes d’abandon, au moins en partie, par l’élève, de son activité scolaire :

  • Chez l’élève, un refus ou un oubli systématique d’exécuter ses travaux scolaires, des absences régulières motivées ou non, par des troubles du comportement, des échecs récurrents aux interrogations.
  • Chez les parents, un manque de suivi, volontaire ou non, de la vie scolaire de leur enfant, des réactions exprimant un grand désarroi.
  • Chez les enseignants, une mise à l’écart fréquente de l’étudiant, son renvoi de la classe ou de l’école.

Les signes d’abandon sont à considérer au cas par cas, grâce notamment à ces questions : 

  • Qu’est-ce qui me fait penser qu’un décrochage est possible ? 
  • Quels sont les points de vue de l’enfant, des parents, des autres intervenants ?
  • Qu’est-ce que ces difficultés entraînent pour l’élève et son entourage ?
  • Comment l’élève vit-il ses difficultés ?

L’article suivant vous offrira un questionnaire plus fin d’évaluation du risque de décrochage scolaire. Chacun de nous sait contribuer au bien général de nos enfants, des élèves.

L’équipe

La dictée, non, sauf pour améliorer son orthographe

Utilisée dans un contexte d’évaluation sommative, la dictée ne constitue qu’une habitude supplémentaire qui valorise les forts et culpabilise les autres, sans doute est-elle une séquelle de l’enseignement frontal. Mais pensée pour réellement aider à apprendre l’orthographe, elle peut s’avérer un moyen constructif pour tous. Bien employée, la dictée sait servir d’outil d’évaluation de la maîtrise qu’offre l’élève pour orthographier les accords, et l’usage, et aussi de son écriture (graphomotricité). Elle devient alors une ressource pour individualiser l’enseignement de l’orthographe.

Imaginons que l’apprenant analyse la dictée qu’il vient d’écrire selon des critères qui lui sont fournis, puis en collaboration avec l’adulte aidant, il réalise ses difficultés et un programme de remédiation en conséquence. Pas de mauvais points, que des points de remédiation !

Ce type de démarche existe rarement dans les écoles.

Voici deux conseils reconnus comme efficaces pour préparer une dictée, ou des listes de mots. Ils s’avèrent adaptés aux exigences actuelles des enseignants.

Je = l’élève

Étape préalable : Si possible, je veille à planifier le temps de préparation. Je peux diviser le texte ou la liste de mots à préparer en plusieurs parties, par exemple selon le nombre de jours disponibles pour la préparer. Si je dispose de 5 jours, je partage le texte en quatre parties et la veille du contrôle je me fais dicter uniquement les difficultés mises en évidence lors de la préparation.

Si je dois apprendre une liste de mots, je me reporte aux deux méthodes suivantes, basées sur une certaine logique verbale, et en plus je regroupe les mots par famille et recherche leur étymologie (l’histoire du mot, donc de son orthographe).

1re méthode : Je me fais dicter le texte ou la partie du jour si possible sans l’avoir lu.

Un des principes de ce procédé consiste à me centrer sur les erreurs et à éviter de réécrire les parties justes.

  1. On me dicte la première tranche ou tout le texte si c’est pour le lendemain.
  2. Je la vérifie d’abord pour contrôler l’usage.
  3. Je la relis ensuite pour les accords, ainsi je ne pense qu’à un type de vérification à la fois.
  4. À l’aide de l’écrit, je corrige les inexactitudes dans le but de les expliquer.
  5. Quelqu’un examine s’il ne reste pas d’erreur. S’il en trouve, pour guider ma réflexion, il note une croix dans la marge, à hauteur de la phrase concernée. À moi de les identifier, d’abord sans les notes.
  6. Le lendemain, on me dicte les parties erronées de la veille puis la partie suivante, ainsi de suite pour chaque subdivision.

Ainsi si j’ai 4 jours pour le travailler, je divise le texte en trois sections et la veille on me lit uniquement les segments ou mots qui restent difficiles à orthographier.

2e méthode : elle est destinée aux élèves qui ne se satisferaient pas de celle décrite ci-dessus, par exemple en commettant un grand nombre d’erreurs dès le départ.

  1. Je lis la première partie en exagérant les difficultés (très apprécié et efficace). Je lis tout haut la première phrase en prononçant les difficultés de sorte que je les entende bien.

Exemple : Les pommmmmes sont toutessssss – pluriel avec pommes – pourrrrrriesss.

  • Ainsi, phrase par phrase, je caricature les difficultés, mais aussi en disant les difficultés d’accord.
  • Le lendemain, idem pour la partie suivante (si j’ai pu diviser le texte), puis je me fais dicter la partie de la veille, normalement ou en caricaturant si je le préfère.
  • Le jour précédent le contrôle, je peux me faire dicter normalement les extraits que je pense encore compliqués.

L’idée est de passer par l’analyse grammaticale, auditive et visuelle, sans compter que beaucoup y trouvent un réel plaisir notamment quand ils caricaturent la difficulté. L’enfant repère, localise, identifie des sons et leur écriture, mais aussi les règles d’accord.

Réécrire tout, la veille, donne de moins bons résultats, rappelons-nous l’article précédent, 4 erreurs sur cent mots, pourquoi réécrire les 96 de juste ? https://centredereussitescolaire.be/2019/03/17/ameliorer-son-orthographe-et-ne-pas-etre-en-faute/

Pour les erreurs grammaticales, on dicte le contexte sans plus.

Et pour ceux qui veulent s’améliorer, ou aider tout simplement :

Les élèves désireux de progresser peuvent se faire dicter une ou deux phrases de leur choix, 4 à 5 fois par semaine et appliquer la 1re ou 2ème méthode proposée ci-dessus pour les dictées préparées.

Il existe des livres ou des didacticiels de bonne qualité. L’apprenant doit être accompagné dans leur utilisation. N’hésitez pas à commencer par un niveau facile, inférieur de deux ans à son âge, puis à progresser petit à petit, c’est la réussite qui motive à continuer. Des périodes d’1/4 heure tout compris suffisent, c’est la régularité qui compte, par exemple 4 à 5 séances par semaine.

Permettre à l’élève d’utiliser sans restriction un dictionnaire orthographique papier, ou un correcteur informatisé, offre de nombreux avantages, rapidité, réelle amélioration de ce qui est écrit ou tapé, notamment. Certains programmes offrent une foule d’informations : définitions, synonymes, antonymes, citations, style, analyse de la nature et de la fonction, vérification de l’orthographe d’usage et grammaticale accompagnée de propositions et réflexions, etc., très utiles et pour toute la famille !

Si manifestement ces méthodes ne permettent pas d’amélioration significative, et que l’élève reste en échec, et se situe fort en dessous de la moyenne de la classe, il importe de lui faire bénéficier d’une évaluation de sa maîtrise du langage écrit (lecture, orthographe, écriture) par un.e professionnel.le.

Cela vaut aussi pour ceux qui ont changé de régime linguistique et qui ne s’améliorent pas « normalement ».

Article inspiré du livre : https://centredereussitescolaire.be/wp-content/uploads/2018/10/guide_reussir_a_lecole_t-able_mati%C3%A8res_siteweb.pdf.

L’équipe