Un professeur est-il, aussi, un chef d’orchestre qui enseigne un même instrument à de (très) jeunes apprenants ?

Préambule

Plus l’orchestre est jeune, moins ses musiciens en savent et plus leurs ressources tant cognitives, que physiques, diffèrent les unes des autres.

Vous avez 12 ans et êtes au cours de gymnastique. Le professeur demande à la classe de faire le tour du monde. Cette activité consiste à faire le tour de la salle de gymnastique sans toucher le sol. À cette fin, les enfants doivent utiliser les engins que le professeur aura préalablement installés, parfois avec leur aide.

Vous avez le choix de l’engin, du plus facile, comme un tapis au plus difficile comme une corde ou les appuis d’un mur d’escalade. Le tout consiste à ne pas toucher le sol.

Face à ce parcours d’obstacles, chacun sera plus ou moins habile, en fonction de son adresse physique, de son développement psychomoteur, de sa taille, de son entraînement, de son expérience, de la réussite qu’il a de ce genre d’exercice, de sa forme du jour, etc.

Que faire ? Comment s’y prendre ?

Vous imaginez le circuit (anticiper, s’orienter dans l’espace, se représenter ses compétences, analyser visuellement, etc.) puis vous vous lancez.

D’après votre évolution, les difficultés rencontrées, vous êtes plus ou moins amenés à corriger le chemin prévu, à adapter vos mouvements, vos efforts. Vous éprouverez un plaisir en conséquence ! Génère-t-il l’envie de continuer, d’accélérer, de prendre plus de risques, d’arrêter, de pleurer tellement c’est difficile, tellement vous avez peur ?

Regardez vos condisciples ! Les uns vont lentement, d’autres ne réfléchissent pas, ils foncent, d’autres encore donnent l’impression d’être agiles comme des singes, rien ne les arrête. Ils collent aux murs. Ils empruntent les engins les plus instables (en êtes-vous jaloux, les enviez-vous ?), tandis que d’autres ont touché le sol (sont-ils éliminés, ont-ils le droit de recommencer, perdent-ils un point ?) et d’autres encore paniquent, appellent à l’aide (les plaignez-vous, vous moquez-vous d’eux ?).

Le professeur est-il aidant, stimulant, encourageant, montre-t-il à l’un ou l’autre comment corriger un mouvement ou comment se sortir d’une situation difficile ?

Dans ce cas-ci, la pédagogie collaborative favorisera l’intervention des élèves dans l’installation des engins, entendu que le professeur aura le dernier mot, ne fût-ce que pour une question de sécurité (voir si vous êtes pour une relation collaborative harmonieuse, constructive et positive entre les usagers de l’école obligatoire, alors promouvez la pédagogie collaborative !)

Qu’en déduire ?

Dans cette scène imaginaire où l’instrument de l’orchestre est le « corps », les obstacles sont concrets, les habiletés visibles, les différences entre les enfants aussi. Chacun peut choisir le chemin qui semble lui convenir le mieux en vue d’une réussite théoriquement probable, si les engins sont adaptés. Constater de visu qu’un participant en raison de sa taille, son poids, son agilité, ne pourra emprunter la même voie qu’un autre favorise naturellement une individualisation de l’enseignement acceptée par tous. Bien sûr, l’enseignant conserve la liberté de rendre le parcours plus ou moins compliqué en le parsemant d’obstacles plus ou moins accessibles, en sorte la partition qu’il propose de jouer. Ceci est une question de didactique propre au professeur, au chef d’orchestre.

Un enfant choisira spontanément un engin lui convenant, si on l’y autorise, s’il perçoit bien ses compétences. Il évitera celui qui est trop facile, pas très amusant ou trop difficile, voire angoissant. Ceci est une question de didactique propre à l’apprenant.

Que l’élève soit agile ou maladroit, il pourra trouver du plaisir et vouloir progresser s’il n’est pas renvoyé trop souvent à ses points faibles, s’il ne développe pas une aversion, conséquence d’échecs, d’humiliations systématiques.

Et vous, dans votre enfance, si vous avez eu l’occasion de faire des tours du monde en gymnastique, qu’en avez-vous retenu ? Aimez-vous vous en souvenir ?

Si vous pouvez observer votre enfant, en effectuer un, souhaiteriez-vous y participer, lui faire partager votre expérience ? Si vous le voyez peiner, comment réagissez-vous, que ressentez-vous ?

Maintenant, remplaçons la salle de gymnastique par une situation plus abstraite et intellectuelle comme l’étude de l’accord du participe passé. Elle n’est plus aussi visuelle, les prises pour s’accrocher, les repères changent de dimension. Pourtant, il s’agit toujours d’une situation d’apprentissage avec les mêmes enjeux psychologiques.

Dans son métier d’élève, chaque apprenant doit continuellement gérer des tâches proposées. Il réagit en même temps sur le plan intellectuel avec son bagage cognitif[1], voire physique, et sur le plan affectif avec l’expérience qu’il a de la réussite qu’il éprouve à gérer ces tâches scolaires. Le plaisir d’apprendre qui en découle se ressource dans le cognitif et l’affectif tout en les alimentant en retour. Plus jeune est l’enfant, plus l’apprentissage résonne en lui.

Cet effort d’imagination vous a-t-il rappelé l’importance de comprendre un élève dans sa globalité, et que si un professeur lui enseigne un sujet, que ce soit l’addition des fractions, un morceau de flûte à bec, ou encore comment monter à la corde, il sera compris différemment par chaque apprenant, qui en retour montrera à son enseignant une compétence qui lui sera propre, conséquente aussi à ses ressources d’apprentissage. Certains auront fourni de grands efforts pour montrer un faible apprentissage et inversement.

Merci pour votre attention

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[1] Le bagage cognitif est envisagé ici comme : l’ensemble des connaissances et des mécanismes d’apprentissage utiles pour acquérir les savoirs et savoir-faire enseignés à l’école.