Motivation puis réussite, ou l’inverse ? That’s the question !

Préambule

Sommaire de cet article : quelques réflexions de patients, suivies d’un paragraphe sur la motivation en pédagogie, puis sur ce qui démotive l’élève, et enfin une proposition pour aborder le problème de démotivation.

« Quand elle aime la matière, elle est motivée, ma fille l’étudie et la réussit, mais elle n’a jamais aimé les mathématiques. »

« Notre fils a enfin réussi, malgré les enseignants », dit un père faisant allusion à certains professeurs de l’école précédente que leur fils (comme ses parents) a vécu comme très démotivants. Ce type de réflexion nous revient régulièrement.

Motivation et pédagogie

Zull (2004)[1] souligne d’une part l’importance de toujours ajuster le niveau d’exigences à la capacité de l’élève, pour lui permettre de réussir, et d’autre part de s’assurer que l’activité proposée suscite en elle-même l’intérêt et l’attirance de la part de l’apprenant. Le rôle de l’enseignant est donc de créer des émotions positives chez les élèves et de s’assurer qu’ils en prennent conscience pour entretenir leur motivation à apprendre.

Cette conclusion résume parfaitement les composants de la motivation d’apprendre et du coup ce qui manque cruellement à nos élèves. Ce biologiste, professeur d’université aux USA n’a manifestement (sans doute) pas été soumis à notre culture scolaire qui pénalise l’erreur, et joue sur les peurs de rater.

Cet auteur rappelle aussi que pour qu’un apprentissage s’effectue pleinement et de façon durable chez un apprenant, celui-ci doit avoir effectué un cycle complet à travers une séquence d’expériences, de réflexion, d’abstraction et de réalisation de la tâche demandée. Cette définition d’une pédagogie « neurologiquement » efficace éclaire en bonne partie les causes de l’inefficacité de notre enseignement secondaire général : peu d’expérimentations, de réflexions conséquentes ; du coup, l’abstraction et la réalisation de ladite tâche se verront incomplètes, et donc l’apprentissage sera incomplet.

Comment un apprentissage incomplet et de plus sanctionné par des points pourrait-il s’avérer motivant ?

Il est intéressant de voir que les pédagogies dites ouvertes, dont la pédagogie collaborative (https://centredereussitescolaire.be/2021/07/04/si-vous-etes-pour-une-relation-collaborative-harmonieuse-constructive-et-positive-entre-les-usagers-de-lecole-obligatoire-alors-promouvez-la-pedagogie-collaborative/), appliquent assez naturellement le cycle complet décrit ci-dessus et défendu par la neuroéducation, mais peut-être pas en respectant un même ordre. L’enseignement technique de qualification, le professionnel accordent bien plus d’importance que le général aux expérimentations suivies de réflexion puis d’abstraction et de réalisations mis en valeur par Zull.

Qu’est-ce qui démotive l’apprenant ?

Chez nous, la représentation d’une « belle » réussite scolaire s’appuie sur une hiérarchie : le secondaire général élitiste est souvent considéré comme le meilleur enseignement, il préparerait le mieux à l’université, puis suivent, l’autre général « pas élitiste » et la technique de transition, ensuite, la technique de qualification et tout en bas, le professionnel.

Cette représentation de parcours scolaire très hiérarchisé date de la création de l’enseignement belge (1830-31), elle montre aujourd’hui et depuis longtemps de nombreux effets pervers qui sapent tant de motivations débutantes :

Une pédagogie qui ne respecte pas le cycle rappelé par Zull (voir ci-dessus) ni ne met en valeur la règle de la réussite (et donc du plaisir) raisonnablement rapide d’un apprentissage ne peut générer une motivation suffisante chez l’élève que pour s’implanter vraiment. Ceci peut expliquer la fuite en avant de notre système : motiver négativement par la menace constante de faire doubler, de mettre en échec si le jeune n’a pas les points nécessaires. « S’il ne les a pas, c’est parce qu’il n’a pas bien travaillé ou pas assez, il manque peut-être de motivation. » « De toute façon, c’est sa faute. »

J’ai mis ces réflexions dans ce chapitre « motivation », car notre école n’est pas aimée, elle rappelle trop de mauvais souvenirs à trop de ses usagers présents et passés. Le bien-être n’y est pas privilégié, peu de place aux activités physiques, artistiques, même les écoles « des devoirs » ont été imaginées comme extrascolaires parce qu’elles se voulaient appréciées par ses usagers, puisque non obligatoires.

Rappelons qu’un apprenant tolérant à la non-connaissance, à la non-compréhension (https://centredereussitescolaire.be/2024/11/10/la-tolerance-a-la-non-comprehension-a-la-non-connaissance/)  est une personne qui apprend souvent avec succès, sans doute avec plaisir, qui aime les nouvelles situations d’apprentissage, qui n’a pas peur de décevoir, d’être mis en échec ; il ne s’angoisse pas quand ses efforts pour résoudre une tâche scolaire ne paient pas vite, il ne s’inquiète pas jusqu’à perdre ses moyens lors d’une évaluation pour des points qui est potentiellement dangereuse, capable de le mettre en échec. Il se sent heureusement motivé.

En tant que psychothérapeute, quand je reçois un élève en échec, je propose au jeune et à sa famille de répondre à la question : « Actuellement, quels sont les moments, les situations où il se sent mis en valeur, où il se sent apprendre avec plaisir ? Un sport, un art, ou… ? » « Quelle est son histoire de vie, et de vie scolaire ? » Une chute importante de la motivation peut rimer avec dépression. Comme l’écrit justement Danielle Flagey (2002)[2], la dimension des troubles du développement des processus cognitifs doit être prise en compte, un mal à penser peut générer un mal à être, une pathologie narcissique ; une évaluation diagnostique pluri et transdisciplinaire s’avère alors nécessaire (https://centredereussitescolaire.be/2018/10/11/evaluation-diagnostique-des-apprentissages-avant-de-doubler/).

Comment aborder un problème de démotivation ?

Face à un problème de démotivation, vous pouvez vérifier grâce à quelques questions, si l’un ou l’autre des déterminants de la motivation proposés par Viau (1994)[3] n’est pas en jeu. L’idée est de cerner le problème.

Ces critères sont au nombre de quatre ; pour l’occasion ils ont été exemplifiés par des questions ou des réflexions d’élèves :

  • La perception de soi : « L’enfant est-il habituellement sûr de lui ? / Aborde-t-il les activités avec confiance, la plupart du temps ? / À force de tout rater, je crois que je suis nulle, je ne pense pas que je peux exprimer mon avis.»
  • La perception de la valeur de l’activité : « À quoi cette matière va-t-elle me servir ou quelle est son utilité ? / Où le professeur veut-il en venir ? Qu’attend-il de moi ? »
  • La perception de sa compétence à accomplir cette activité. « Le fait que j’aie l’impression physique de réussir, m’a donné envie de bien étudier pour réussir les sciences sociales…c’est vrai… rater ne donne pas envie d’étudier, car on a le sentiment qu’on va rater encore. »
  • La perception de la contrôlabilité qu’on pourra exercer à son sujet : « Est-ce que je pense que ça ira, que je vais comprendre, que j’arriverai à mémoriser cette leçon ? D’habitude, cet élève réussit-il cette matière ? »

Trois ou quatre réponses négatives à ces quatre indicateurs doivent être considérées comme un signal d’alarme.

Merci pour votre attention

 Propositions gratuites qui se veulent positives, constructives ; elles sont pensées pour aider tous les usagers de l’école   Après presque 50 ans de formations, d’expériences multiples, je souhaite partager une information professionnelle, validée, destinée à aider directement les parents, les élèves, les étudiants ET même les enseignants, si seuls devant les difficultés qu’ils rencontrent. Et ce GRATUITEMENT. Comment ? : En téléchargeant un livre numérisé de plus de 200 pages qui traite des 50 thèmes les plus abordés en consultation par les élèves et les parents, facile à lire, et proposant de nombreux liens hypertextes : Essai pour une psychologie et une pédagogie, scolaires, plus heureuses pour les élèves soumis à l’enseignement obligatoire https://centredereussitescolaire.be/2023/12/16/essai-pour-une-psychologie-et-une-pedagogie-scolaires-plus-heureuses-pour-les-eleves-soumis-a-lenseignement-obligatoire/ En consultant la centaine d’articles, et les quelques vidéos toujours gratuitement : https://centredereussitescolaire.be/2020/02/24/plusde50-reponses-professionnelles-developpees-a-partir-des-questions-qui-nous-sont-posees-depuis-30-ans/ En vous abonnant à l’infolettre périodique : https://centredereussitescolaire.be/newsletter-2/ En partageant cet article, avec qui vous estimez, ou que vous voulez aider, informer.

Le Centre de Réussite Scolaire par sa grande indépendance, son type de consultation pluri et transdisciplinaire, et ses 39 ans d’expérience s’avère idéalement placé pour vous informer à propos de ce qui favorise ou défavorise la réussite scolaire, le bonheur d’apprendre des élèves des plus petits aux plus grands.


[1] Zull, J.E. (2004), The art of changing the brain: Nurological research supports some well-known ideas about teaching, but does it suggest new-even counter intuitive-ideas? Teachig for meaning, 62. In Francine Lussier, Eliane Chevrier, Line Gascon, (2017), Neuropsychologie de l’enfant et de l’adolescent Troubles développementaux de l’apprentissage, Malakoff, 3è édition, Dunod

[2] Flagey, D. (2002), Mal à penser, mal à être. Troubles instrumentaux et pathologie narcissique, Ramonville-Saint-Agne, France, Érès, Enfance & Psy.

[3] Viau, R., (1994), La motivation en contexte scolaire. Paris, Bruxelles, De Boeck.


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